SEIGNEUR, QUAND T’AVONS-NOUS VU ? *

526 ! C’est le nombre de personnes mortes de froid en France pour l’année 2020. Qui le sait ? Qui en parle?

Quand une notoriété s’avère  victime de ce drame (comme tout récemment en plein Paris)  le projecteur se braque sur l’indifférence sidérante des passants. Chaque vie humaine n’a-t-elle pourtant  pas un inestimable prix ?
En l’occurrence, c’est un…sans abri qui alerta les secours tandis que la foule pressée laissait ce photographe réputé en hypothermie fatale…  plus de neuf heures sur le sol.
Les psychosociologues appellent cela « l’effet spectateur »
Quand on veut éluder  le « pourquoi » de ces  situations, on les drape d’analyses savantes.
Je préfère entendre le Pape François donner comme fil rouge à son encyclique « Fratelli tutti «  la parabole du bon samaritain (Luc 10).
Qui aura été le prochain de son frère en la circonstance?
Ici, point de stigmatisation d’autrui.
Qu’auriez-vous fait? Qu’aurais-je fait?
Absorbés par la hâte, l’insécurité ou l’individualisme, les passants se diluent  anonymement dans la foule. Cette dernière ne donne plus rien  à voir dans cet empressement.
« Tu demandes qui t’a touché ?  Tu vois bien la foule qui te presse » disent les disciples à Jésus quand la femme souffrante croit de tout son cœur  qu’elle guérira en le touchant seulement (Marc 5)
Il faut être Jésus pour que chaque personne soit considérée à la dignité d’elle-même. Et non confondue dans l’indifférence.

Écoutons Saint Jean Chrysostome prêchant en 405 : « Veux-tu honorer le corps du Christ ? Après l’avoir honoré à l’autel avec un calice d’or et des robes de soie, ne le méprise pas dehors alors qu’il souffre du froid et de la nudité. Tout en décorant la maison de Dieu, ne méprise donc pas ton frère dans la détresse. Car il est lui-même un temple plus précieux qu’elle ».
Chrysostome signifie « bouche d’or ».
Le serviteur de Dieu a parlé. Ton frère en Jésus. Jésus en ton frère !
Que février nous voit grandir en foi et fraternité.

Mgr Bernard Podvin
Missionnaire de la Miséricorde

*Mathieu 25