Terre de mission : le Cambodge
Arrivant tout droit des rizières de Kompong Cham, et plus particulièrement des montagnes du Mondulkiri[1], je suis tout d’abord frappé par le développement incroyable de Phnom-Penh. Partout, à perte de vue, s’étendent de nouvelles tours flamboyantes, appartements luxueux et magasins de toutes sortes tout aussi luxueux. On parlerait même en Europe du Cambodge comme le « nouveau dragon asiatique ». Ainsi, là où, juste derrière ma paroisse se trouvait un très grand lac, sorte de réserve naturelle, se trouve désormais une zone économique spéciale avec l’apparition d’un gigantesque centre commercial où tout est beau, propre… et cher ! (…) Bref, le Cambodge, en tout cas sa capitale, est résolument entré dans l’ère de la société moderne de consommation, mais aussi malheureusement de ses vices (drogue et prostitution notamment).
L’Eglise elle, se développe également : nous avons cette année environ 300 baptisés adultes ! nous nous en réjouissons bien sûr, même si ceux-ci sont en majorité d’origine vietnamienne ou Bunong. Quant aux Khmers proprement dit, nous prions aussi pour qu’ils restent chrétiens tout au long de leur vie et ne cèdent pas aux mirages de la société de consommation ou, concernant les jeunes filles, d’un mari bouddhiste. Ne soyons cependant pas trop négatifs, car dans ma paroisse, j’ai baptisé à Pâques 17 jeunes adultes dont la plupart sont de jeunes professionnels bien dans leur peau et dans leur foi. Au séminaire où j’enseigne, nous avons trois séminaristes entamant leur cycle de théologie après des études de philosophie en Thaïlande, et sept nouveaux propédeutes dont la plupart sont quand même d’origine vietnamienne. C’est un fait : dans leur grande majorité, les Khmers ne semblent pas pressés de se mettre à la suite du Christ. Il n’empêche que l’Eglise est ultra dynamique : retraites, pèlerinages, formations diverses, de nombreuses activités sont proposées très régulièrement pour tout le monde.
Concernant ma nouvelle paroisse, je compte environ 400 personnes qui communient à la messe dominicale : autrement dit, c’est une grosse commu- nauté pour le Cambodge.
Nous fêtons cette année les 30 ans de la paroisse qui a commencé grâce aux sœurs de la Providence. J’y étais passé plusieurs fois en 2000 ; à l’époque l’église était en bois, sur pilotis en pleine campagne. Aujourd’hui, l’église est très jolie, construite par le père Mario dans les années 2010, et est entourée de maisons et d’immeubles en béton ! Cela me change des collines vertes du Mondulkiri !
La paroisse comprend d’abord une école maternelle Sainte Lucie qui accueille une centaine d’enfants tous plus mignons les uns que les autres, accompagnés par une religieuse et 4 institutrices. Il y a ensuite un foyer d’une dizaine de jeunes garçons, lycéens pour la plupart, qui sont les petites mains au service de la paroisse. Nous disposons aussi d’un immeuble de plusieurs étages où nous louons quelques chambres pour des jeunes professionnels catholiques. En face de la paroisse, chez les religieuses, il y a un foyer de jeunes filles et un autre pour les personnes atteintes d’un handicap. Enfin, nous avons une école pour 300 autistes avec une centaine de jeunes employés !
Tout se passe merveilleusement bien, j’ai été accueilli comme un roi, et les paroissiens sont tous très sympathiques. La liturgie y est soignée, et les chants sont très beaux.
Je suis aussi responsable du centre interdiocésain pour une trentaine de jeunes venus étudier à Phnom-Penh. Sans oublier le centre saint Irénée au service de la catéchèse, du comité liturgique et biblique. Enfin, Mgr Olivier m’a demandé de reprendre en mains l’école saint Justin à destination des catéchistes du diocèse. Bref, encore une fois, je ne m’ennuie pas, et je suis toujours aussi heureux !
En fait, je n’ai qu’un souci : assurer la pérennité et l’indépendance financière de la paroisse, car, malgré les nombreux efforts de mes prédécesseurs, nous dépendons encore trop fortement de l’étranger, en particulier des Missions Etrangères de Paris. Je dois donc trouver au minimum 120.900 euros chaque année…
Sachez que je pense et prie pour vous tous. La communauté également prend le temps de prier pour nos donateurs et amis de France et d’ailleurs ; restons donc en communion ! Que le Seigneur vous apporte la Paix et la Joie !
P. François Hemelsdael, mep
[1] Pour ceux qui ne le sauraient pas, j’ai quitté la paroisse saint Jean-Baptiste de Busra, dans le Mondulkiri où j’étais présent auprès des minorités ethniques Bunongs depuis 7 ans, au profit de la paroisse de l’Enfant-Jésus, dans la capitale, Phnom-Penh. Changement de 180 degrés !