Témoignages de diacres
Jubilé de 50 ans
Bernard Lemettre, ordonné diacre en 1971
“J’ai besoin de faire contempler la Résurrection.”
« Né en 1936 à Wattrelos où j’habite toujours, je suis le premier à avoir été ordonné diacre pour le diocèse de Lille en 1971. Il n’y a pas eu d’autres diacres pendant neuf ans après mon ordination. J’ai essuyé les plâtres, car ce n’était pas évident d’être le seul “intrus” au milieu des prêtres ! Lorsqu’on me demande ce qu’est un diacre, je réponds que je suis un serviteur : ce monde, nous l’aimons et nous voulons le servir.
C’est en vivant quelques années au Brésil que j’ai découvert les dégâts de la prostitution, l’impact que cela avait sur les femmes mais aussi sur leurs clients, la violence envers leurs épouses, leurs familles. À mon retour en France en 1975, j’ai adhéré au mouvement du Nid puis j’ai quitté mon travail pour m’y consacrer entièrement dès 1983. Ce mouvement accompagne les personnes de la prostitution sur le terrain et a aussi un objectif de changer mes mentalités. C’est ce qui m’a plu. Comme chrétien, j’ai besoin de faire contempler la Résurrection. Voir quelqu’un qui n’existe plus, qui n’est qu’un sexe ou un billet de compte, se relever, prendre sa vie en mains pour vivre dignement… C’est mon combat. »
En savoir plus sur le mouvement du Nid :
mouvementdunid.org
15 parvis Saint-Maurice à Lille
03 20 06 14 08
hautsdefrance-59@mouvementdunid.org
Jubilé de 30 ans
René Milleville, ordonné diacre en 1991
« Avoir un cœur suffisamment vide pour accueillir les merveilles de Dieu. »
“Lors de ma première mission confiée en 1991 par Mgr Vilnet, j’ai participé à la mise en route d’équipes de Secours Catholique ainsi qu’à des activités du CCFD. Au sein de l’AFPA (association pour la formation professionnelle des adultes) pour laquelle je travaillais, j’accompagnais des personnes en précarité et des demandeurs d’emploi : simulation d’entretiens d’embauche. En tant que manager d’une équipe de 20 personnes, j’ai pu faire passer certains messages sur la notion d’autorité dans le sens de “faire grandir”.
À partir de ma retraite en 2006, j’ai accompagné des groupes de recommençants, de CMR, MCR, groupes Bible.”
La qualité que je préfère : L’humilité.
Ma plus belle rencontre : Les parents de nos belles-filles, arméniens et mexicains. Malgré la barrière de la langue et la différence des cultures, je me suis rendu compte du message de la Pentecôte. Chacun peut entendre les autres dans sa propre langue. Le langage de l’amour est universel.
Mon meilleur souvenir : le baptême de mes 10 petits-enfants et le mariage de ma fille, que j’ai célébrés.
Les phrases de la Bible qui me rejoignent : “Tu as du prix à mes yeux et je t’aime” (Isaïe 43, 4) et aussi celle-ci qui m’accompagne depuis mon ordination, qui nous invite à rendre compte de notre espérance “avec douceur et respect” (1e lettre de saint Pierre apôtre 3, 15-16)
La béatitude que je préfère : “Heureux les pauvres de cœur.” Heureux ceux qui ont un cœur suffisamment vide pour accueillir les merveilles de Dieu.
Jubilé de 20 ans
Maurice Lallau, ordonné diacre en 2001
“Je suis là où il faut être, tout simplement.”
“En tant que diacre, j’ai trois missions : je suis aumônier en soins palliatifs à la Maison Jean XXIII de Lomme, animateur de temps de prière pour les seniors à Armentières et impliqué aussi dans le monde du handicap. J’explique souvent que je ne remplace pas le prêtre. Je suis sur le seuil, pour accueillir, aller à la rencontre des personnes dans la rue, être là où il faut être, tout simplement. Je suis plus sûr de moi aujourd’hui, pour prendre la parole. Il y a 20 ans, je ne savais pas comment répondre quand on m’interpellait. Aujourd’hui je rends grâce pour toutes ces années. J’ai beaucoup appris dans la préparation au mariage et au baptême en étant au contact des gens souvent loin de l’Église, qui ont vécu des choses difficiles. J’aime les écouter, une complicité se crée.
Mes saints préférés : saint André et saint Joseph. J’ai été très marqué par un pèlerinage au Québec il y a trois ans pendant lequel j’ai découvert la figure de saint André et redécouvert saint Joseph. Depuis, j’ai toujours une photo d’eux dans mon agenda et mon coin prière.
Mon mot préféré : Écouter. Je crois que c’est mon charisme d’être à l’écoute des autres.
La phrase de l’Évangile qui me rejoint : “Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.” (Évangile selon saint Jean 15,3) Une façon de dire qu’en tant de célibataire, je reçois tellement et je donne tellement.
Jubilé de 10 ans
Franck Gille, ordonné diacre en 2011
« Comment être signe du Christ là où je vis ? »
10 ans et des questions avec Laurence : « c’est quoi ? On y va ? »
10 ans et des rencontres, des moments où ça ne triche pas.
10 ans et des pépites, des mots jaillis d’on ne sait où mais tellement forts.
10 ans et des contacts à foison avec des bénévoles d’Église voulant bien faire et se mettre au service à leur manière.
10 ans et des lectures de textes en se disant « Qu’est-ce que cela veut me dire aujourd’hui ? »
10 ans et toujours chercher…
10 ans de prières partagées ou seul, avec des arrêts sur certains mots ou expressions qui me font « travailler ».
10 ans avec cette question permanente : comment être signe du Christ là où je vis ?
10 ans avec du stress parfois et finalement se dire « tout s’arrange ».
10 ans et parfois aussi se dire « Je ne vis pas la même Église que toi car l’Église ne m’appartient pas ».
10 ans de découvertes, de sensibilités variées en mouvement et toujours accrochées aux tripes, faisant corps viscéralement avec ceux et celles qui les portent.
10 ans et toujours la volonté de respecter l’autre et se dire qu’on ne sait jamais l’effet qu’on produit mais qu’il se produit.
10 ans et de l’admiration pour toutes ces personnes quelles qu’elles soient, avec leurs forces et faiblesses. Toutes ces personnes qui ont les meilleures raisons du monde de dire « je n’ai pas le temps » mais qui agissent et donnent de leur énergie.
10 ans à dissoudre l’absurdité de certaines situations d’accueil en Église pour toujours faciliter le contact avec Dieu.
10 ans et des coups de chapeau à ceux et celles qui ne connaissent pas l’Église, aux gens de peu qui par leur comportement se rendent dignes du Christ.
Propos recueillis par Tiphaine de Lachaise