Françoise Navail

Françoise Navail, aumônier d’hôpital au CHR en cardiologie 

Quel est le cœur de votre mission d’aumônier à l’hôpital ?

J’ai la chance immense d’être un visage d’Eglise dans l’hôpital. Je suis là pour dire aux malades que l’Eglise ne les laisse pas seuls. C’est la Trinité que l’on vit à l’hôpital. Dieu qui se donne à voir dans chacun des visages, le corps du Christ que je porte dans la communion et l’Esprit saint qui se donne à vivre. L’Esprit saint agit, c’est palpable. C’est quelque chose qui nous échappe et qui n’a pas de mots. Cela se traduit par un regard qui relève, un geste tendre…

La plus grande qualité à avoir ?

L’abandon. J’offre mes visites au Seigneur, je prie beaucoup. À chaque visite, je m’appauvris et descends les marches, je me vide de quelque chose… La mission me sculpte… et c’est Dieu le potier ! À chaque visite, j’ai le cœur qui bat. J’entre dans la chambre les mains tendues, sans savoir ce qui m’attend.

Je dois aussi faire preuve de chasteté et n’avoir aucune idée préconçue. Réinventer toujours… Ce n’est pas moi qui apporte quelque chose, ce sont les malades qui offrent ce qu’ils ont dévoilé d’eux-mêmes. Ma posture et mon écoute disent quelque chose de Dieu.

 Ce qui vous émerveille ?

Les malades, dans leur combat, honorent la vie que Dieu leur a donnée, même s’ils ne sont pas croyants. Je suis admirative et ne leur arrive pas à la cheville… Ils donnent une autre facette de Dieu. Je suis aussi admirative du travail des soignants. Ce sont eux qui font “le lavement des pieds” comme le Christ et qui écoutent. Nous n’avons pas le monopole de l’écoute.

Votre plus grande surprise ?

La notion du temps me touche beaucoup. Deux temps qui se rejoignent : le temps précieux dans nos vies, celui que je ne compte pas lorsque je rentre dans une chambre, le temps du malade qui a quelque chose de l’Eternel, le temps d’adaptation en sortant, pour revenir dans le monde…

Une phrase de la Bible ?

“Ce n’est pas moi qui vis mais le Christ qui vit en moi” (lettre de saint Paul aux Galates 2, 20).

 

Propos recueillis par Tiphaine de Lachaise