SELON LE REGARD QU’ON PORTE !

SELON LE REGARD QU’ON PORTE !

Bon évidemment, nous n’habitons pas la station spatiale familière à Thomas Pesquet !
De là-haut, il scrute et photographie ce que, dans la glaise de chaque jour, nous discernons si mal.
Du dôme de son habitacle, il affirme « voir à l’œil nu » le mal que nous faisons à la planète…. et donc à nous-mêmes !
Tenez, par exemple, son cliché, peut-être le plus fascinant de tous : la lueur nocturne émise par l’atmosphère terrestre. Incroyable !
Allons-nous nous arracher ce document pour en tapisser nos murs ?
Vient-il ébranler nos certitudes ?
Éveille-t-il notre conscience ?
Nourrit-il notre contemplation ?
Les astronautes appellent cela « l’effet d’aperçu ».
La métaphysique et la foi nommeront cette réalité autrement.
Terre en flottaison dans l’espace.
Radieuse mais si précaire.
Lovée dans sa fragile sphère, la protégeant des affres abyssales de l’infini.
Petite terre suspendue dans le vide.
« Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui ?  » interroge le psaume 8.
Que sommes-nous donc, si puissants et si chétifs, si exaltés et si ingrats ?
Nous sommes dans une conflictualité orgueilleuse entre terriens. Tandis que l’atmosphère nous tient sous sa protection si ténue.
Jusques à quand, ce cordon protecteur efficient et vulnérable ?

Novembre est le mois de la terre.
« Souviens-toi que tu es poussière ».
Les cimetières reçoivent visite des vivants. Ils sont tellement empressés que… ce sont les défunts qui leur disent : « arrête-toi un peu. Repose en paix ! »

Novembre est le mois du ciel.
« Mon Rédempteur est vivant » s’écrie Job aux humains ensorcelés par leurs vaines idoles.
Tout est à la hâte précipitée, en cette fin 2022.
Tout est à la panique climato nucléaire.
L’écologiste qui devrait être un frère se radicalise.

Le débat sur la fin de vie, sous prétexte que certaines options sont majoritaires dans les sondages, se tranchera-t-il à la Pyrrhus ou à la Ponce Pilate ?

L’artiste Soulages vient de mourir :
« Un jour, je peignais. Le noir avait envahi toute la surface de la toile. Dans cet extrême, j’ai vu en quelque sorte la négation du noir. De mon désir de peindre, émanait une lumière. Mon instrument n’était plus le noir. Mais cette lumière secrète venue du noir. L’œuvre vit du regard qu’on lui porte ».
Soulages n’est évidemment pas Père de l’Eglise.
Ne substituons pas son propos à ce que notre Credo explicite et vivifie.
Pourtant, le Dieu de Jésus, Dieu de nos vies n’est pas bien loin de cette intuition : nous vivons du regard de Dieu ! Regard sans cesse renouvelé.
Il ne se résigne jamais en effet à la noirceur de l’âme humaine.
La ténébre la plus désespérée recèle, à ses yeux divins, l’onde lumineuse de l’amour.
Chers amis qui cheminez par la grâce de ces éditos mensuels, je vous souhaite cette lumière née de la lumière*, lumière secrète venue du noir, visite aimante du regard de Dieu. Dans nos actes les plus anodins comme les plus décisifs, puisse novembre nous donner la hauteur et la profondeur que Dieu communique !

Mgr Bernard Podvin
Missionnaire de la Miséricorde

*Symbole de Nicée, Credo de l’Eglise. Tropaire composé par Gelineau-Rimaud