Quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts

« S’ils n’écoutent pas Moïse ni les prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts, ils ne seront pas convaincus ». On oublie souvent que cette phrase percutante est d’Abraham lui-même en Saint Luc (Luc 16,31).

Rappelons le contexte.
Sur terre, Lazare gisait près du portail du riche. Ce dernier vivait, à son égard, une indifférence proportionnée à son opulence. Lazare, le pauvre, meurt. Il est transféré par les anges dans le sein d’Abraham. Le riche meurt lui aussi et, du séjour des morts, éprouve l’immense abîme, « le gouffre immuable » (selon certaines traductions), le séparant de Lazare. Le réflexe du riche est de penser qu’Abraham doit envoyer Lazare d’urgence sur terre. Afin d’avertir ses frères. De vous avertir vous et moi ! C’est là que la conclusion d’Abraham donne toute dimension à la parabole. « Même si un de chez les morts se levait… » Comme l’écrit Sœur Jeanne d’Arc : « Il y en a un qui s’est levé de chez les morts… et ils ne l’ont pas cru! »

C’est la Pâque de Jésus.

Le Saint Curé d’Ars disait à ses paroissiens. « Si je ressuscitais un mort sur le champ devant vous, me croiriez-vous davantage que si je vous dis que Jésus est présent aujourd’hui en son eucharistie ! ».

C’est la Pâque de Jésus.

Lazare est toujours gisant de multiples façons dans l’actualité des jours.
Sur l’errance des routes et des guerres. Mais aussi dans la plus secrète des angoisses, connues de Dieu seul.

Le tombeau de Jésus est vide. Il est vivant, Celui qui veut que tout Lazare vive !
Abraham l’a bien dit. L’urgence n’est pas qu’on nous envoie Lazare. Car Lazare est multitude sur terre ! Mais l’urgence est de se convertir au désir du Père, qu’en chaque Lazare se discerne Jésus.

Le Curé d’Ars l’a bien dit : L’urgence n’est pas qu’on s’extasie devant du surnaturel qu’accomplirait un héros. Mais que l’on voie Jésus dans l’infime parcelle du Pain consacré, Corps broyé du Vendredi Saint, corps embaumé de myrrhe et libéré de toutes bandelettes du Sépulcre. Corps pascal. Corps christique et ecclésial ! Pain d’Emmaüs. Viatique de tous les Lazare en quête de fraternité.

La foi ne consiste pas à aimer hyper activement pour s’auto congratuler.
Elle est d’apprendre sans cesse à aimer comme Jésus aime.

Jésus, du rang qui l’égalait à Dieu, a vécu l’ineffable amour pour que nous devenions Lazare les uns des autres.

Guillaume de Saint Thierry disait : « Tel est notre Dieu envers nous. Sa façon de régner ? Nous sauver ! Notre façon de le servir ? Être sauvés par Lui ».
Que la Pâque, et le temps pascal, soient joie et ferveur sur tous les visages du diocèse.

Mgr Bernard Podvin
Missionnaire de la Miséricorde