QUELQU’UN DU SEIGNEUR !
QUELQU’UN DU SEIGNEUR !
Matinal, j’arpente les rues de Lille en vue de donner une intervention à la Maison Paul VI. Une voix joyeuse me hèle.
« Vous me reconnaissez ? J’suis David. Çui qui distribue les feuilles à Vendeville ! J’ travaille ici pour la voirie ».
Échange chaleureux de plusieurs minutes sur le trottoir.
Le temps passant, chacun se doit à sa destination.
« Vous savez j’suis heureux. J’ai gagné ma journée, j’ai rencontré quelqu’un du Seigneur ».
Cette formule me bouleverse.
Tant de personnes, pressées ou engoncées dans leur quant à soi, feignent ne pas se reconnaître.
David est un petit. Il est étonnamment libre.
Tout nature et toute empathie, il extériorise sa joie et sa foi.
Il dit, mieux que les mondains, à quel point rencontrer autrui le comble !
« Je te loue, Père Seigneur du ciel et de la terre, exultait Jésus dans l’évangile. Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout petits. Oui, ainsi l’as-tu voulu en ta bienveillance ». (Luc 10,21)
Qui a comblé qui ce matin, dans les artères de Lille ?
David, l’ami de Sainte Rita, n’est-il pas « quelqu’un du Seigneur? ».
Relisant l’histoire de la spiritualité, je contemple Diego. Un jeune jésuite de vingt-huit ans. Commis d’office en 1550 à écouter la confession générale d’une « obscure » Thérèse d’Avila. Personne, en vérité, ne se bouscule à ce service.
Thérèse, en effet, n’est pas encore reconnue. Elle est même, à ce stade, controversée.
Elle se cherche. Beaucoup ne croient pas en sa profondeur.
Diego, quant à lui, est médiocrement noté par ses supérieurs : « Petite santé, tête faible, prêche médiocrement. Confesse. N’est pas bon à autre chose ».
Or, Thérèse dira de Diego : « Il me guida si bien, qu’il me semble que je ne suis plus la même. La grande chose que de comprendre une âme ! ».
Voici juin !
Mois du Cœur du Christ.
Mois du pélé diocésain de Lille à Lourdes.
Mois des évaluations.
Mois des européennes.
David, Diego et tant d’autres.
J’ai rencontré quelqu’un du Seigneur.
La grande chose de comprendre une âme.
Il tient à nous d’être humains et spirituels.
Il tient à nous que ce que nous partageons soit grand.
Il tient à nous que l’infime soit rayonnant.
Il tient à nous que la terre soit ronde.
Il tient à nous que le Seigneur soit honoré en toute rencontre.
Il tient à nous de refuser qu’on meure en France par l’arbitraire de la loi, ou de faim, de froid, d’abandon, de violence.
Il tient à nous de nous aimer, comme Jésus nous a aimés !
Mgr Bernard Podvin
Missionnaire de la Miséricorde