Philibert Vrau et Camille Féron-Vrau 

Philibert Vrau et Camille Féron-Vrau
Industriels inspirants pour hier comme aujourd’hui

 

Deux frères sont aujourd’hui mis à l’honneur. Philibert et Camille Féron-Vrau, industriels de notre région, avaient une vision hors du commun en matière de politique socialeEngagés à transformer et faire évoluer les conditions de travail de leurs salariés, ils ont développé de nombreuses œuvres dont nous bénéficions encore aujourd’hui dans les Hauts de France. Rencontre avec Olivier Camelot, président de l’association des amis de Philibert.

 

Olivier, pouvez-vous retracer les débuts de Philibert et Camille ?
Né à Lille en 1829, Philibert Vrau hérite de la filterie familiale, connue pour son fameux «Fil au Chinois» encore commercialisé aujourd’hui. Avec son ami, devenu son beau-frère, Camille Féron (né en 1831 à Tourcoing), ils développeront l’entreprise qui emploiera jusqu’à plus de mille personnes en étant conscients de leur responsabilité envers leurs employés. Ils auront toujours à cœur de développer des œuvres sociales à destination de leur personnel.

Comment est née cette vocation sociale ?
Elle trouve son origine dans l’histoire personnelle de Philibert. Il est appelé à rejoindre l’entreprise familiale alors qu’au fond de lui raisonne l’appel à la vie religieuse. Il écoutera son père et fera de cette entreprise avec son beau-frère le lieu de sa vocation chrétienne.

Cette vision était-elle si révolutionnaire pour l’époque ?
Oui, car il s’agit d’une politique sociale d’une grande modernité. Elle resta longtemps un modèle avec des conditions de travail hors norme pour l’époque : fin du travail de nuit pour les femmes, journée de dix heures, repos dominical, caisse de chômage et retraite, logements ouvriers, rémunération supérieure à la moyenne pratiquée…

Peut-on voir en ces 2 hommes, des modèles pour les chrétiens d’aujourd’hui ?
Oui, sans hésiter, mais je dirais des modèles par leur amour pour l’Eglise et leur amour pour la société.  Ils encouragent les fidèles à prendre leur part de responsabilité dans des associations et à alimenter la vie de l’Eglise par leur prière, leurs actions caritatives, leurs engagements sociaux et politiques. Et je crois qu’en cela ils sont des modèles.

Quel héritage gardons-nous de l’œuvre de Camille et Philibert ? 
Ils ont à leur actif de très nombreuses œuvres, dont ils sont développeurs, organisateurs, présidents, fondateurs ou donateurs : l’université catholique de Lille, les conférences Saint-Vincent-de-Paul, le premier Congrès eucharistique mondial, l’édification d’églises, de presbytères et d’écoles paroissiales, de patronages, des groupes d’adoration nocturne, des dispensaires et hôpitaux, des lieux de retraite (le centre spirituel du Hautmont à Mouvaux)…
Dans chacune de ces entreprises, ils n’ont eu de cesse de mobiliser leurs semblables.
Toute leur vie, ils ont vécu des sacrements avec un grand amour de l’eucharistie et c’est en « odeur de sainteté » que Philibert mourut en 1905 et Camille en 1908.

Propos recueillis par Catherine Tourret

 Le procès de béatification
Père Bruno Cazin, vicaire général

Le diocèse de Lille doit beaucoup à Philibert Vrau et Camille Féron-Vrau, son beaufrère. La renommée de sainteté des «deux frères» a été reconnue en 1930 avec l’introduction de la cause en vue de leur béatification. Après une longue mise en sommeil depuis 1950, celle-ci a été réactivée. Une association s’est créée ; une bande dessinée sur Philibert a été éditée. Un travail historique est sur le point d’aboutir et sera remis prochainement à la congrégation pour la Cause des Saints qui l’attend pour actualiser le procès apostolique remis en 1937. Nous pouvons prier pour demander des grâces par leur intercession, comme y invite l’association des Amis de Philibert et Camille.

 

 Restauration de la crypte de la cathédrale inspirée par les «deux frères» 
François-Joseph Fürry, secrétaire général de la Fondation Treille Espérance

Le chantier de restauration de la crypte originelle de la cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille, initié voici deux ans avec le soutien de la fondation Treille Espérance, est en passe de toucher au but : rendre accessible à tous ce trésor culturel méconnu, et mettre en avant la continuité des engagements au service de la cité des évêques, prêtres et laïcs chrétiens dans notre région ! Un chemin de lumière habillant les plaques funéraires des nombreuses familles donatrices aboutira ainsi à la chapelle qui accueille les tombeaux et bustes de Philibert Vrau et de son beau-frère, Camille Féron-Vrau. Ils furent parmi les plus dynamiques des industriels engagés à promouvoir nombre d’oeuvres spirituelles, caritatives et éducatives tout autour de Lille, réconciliant responsabilités économique et sociale. Des exemples inspirants, des « transmetteurs de générosité » par-delà les siècles dont l’action engagée fera l’objet d’une exposition historique et pédagogique.

fondationtreille-esperance.org

 

Prix Philibert Vrau 

Chaque année, depuis 2014, le prix Philibert Vrau de la Fondation des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens, en partenariat avec le journal La Croix, récompense des créateurs d’entreprises et des dirigeants animés par la pensée sociale chrétienne et engagés au service du bien commun.

Les lauréats 2020 relèvent le défi ambitieux de concilier avancée sociale et pérennité économique.