Personne ne peut se sauver tout seul
par Mgr Hubert Herbreteau, évêque d’Agen, président de Pax Christi
(Source : paxchristi.fr)
Dans son message pour la 56ème Journée mondiale de la paix, le Pape François revient sur la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine, deux crises majeures qui doivent interpeller l’humanité. Selon lui, seules la fraternité et la compassion, inspirées par l’amour de Dieu, peuvent nous aider à tracer des sentiers de paix.
Un appel à la fraternité
Comme souvent dans ses discours, exhortations ou encycliques, le saint Père utilise des images, des métaphores pour exprimer ce que ressentent beaucoup de gens ou pour susciter des attitudes spirituelles inspirées par l’Évangile.
Les événements de notre existence semblent tragiques et nous traversons « un tunnel sombre et pénible de l’injustice et de la, souffrance ». Le pape parle de la guerre comme d’un « virus ». Nous sommes alors invités « à rester en éveil ». Au lieu de vivre dans le découragement et la résignation, au lieu de céder à la distraction, l’important est de « saisir les premières lueurs de l’aube », comme des « sentinelles ».
Le pape souligne comment la pandémie a provoqué un déséquilibre dans notre vie ordinaire et dans l’ordre social et économique. Elle a menacé la sécurité de l’emploi, aggravé la solitude et fait apparaître un sentiment de défaite et d’amertume provoquant « des conflits sociaux, des frustrations et des violences de toutes sortes ».
La pandémie nous a fait découvrir la fragilité de la réalité humaine et en même temps le besoin les uns des autres. L’intitulé du message insiste sur cette interdépendance : « Personne ne peut se sauver tout seul. Repartir après la Covid-19 pour tracer ensemble des sentiers de paix. » Et le pape François développe ensuite le thème de la fraternité : « Seule la paix qui naît de l’amour fraternel et désintéressé peut nous aider à surmonter les crises personnelles, sociales et mondiales. »
Le virus de la guerre
La deuxième partie du message est consacrée à un autre fléau : la guerre en Ukraine. Cette guerre, comme tous les autres conflits dans le monde, est « une défaite pour l’humanité entière ». Le pape va jusqu’à dire que « le virus de la guerre est certainement plus difficile à vaincre que ceux qui affectent l’organisme humain », parce qu’il vient du cœur humain.
Le Pape attire l’attention sur l’interconnexion des crises. Cela invite à relever les « défis de notre monde avec responsabilité et compassion », dans des domaines tels que la santé publique, la paix, l’environnement, le travail, les migrations et l’alimentation
François martèle cette conviction avec ces mots : « Ce n’est qu’en nous dépensant dans ces situations, avec un désir altruiste inspiré par l’amour infini et miséricordieux de Dieu, que nous pourrons construire un monde nouveau et contribuer à édifier le Royaume de Dieu qui est un Royaume d’amour, de justice et de paix ».
On peut retenir aussi de ce message de la paix, l’accent mis sur le bien commun : « Nous ne pouvons plus penser seulement à préserver l’espace de nos intérêts personnels ou nationaux, mais nous devons y penser à la lumière du bien commun avec un sens communautaire, c’est-à-dire comme un « nous » ouvert à la fraternité universelle. »
Ce message du pape est à méditer en cette année 2023 qui commence par une prière pour la paix, le 1er janvier.