Maison Paul VI : Le chemin de croix restauré

Un matin de juin 2019 à la maison Paul VI, à Lille. Une agitation silencieuse règne dans l’église de la Sainte-Trinité, joyaux de l’ancien grand séminaire. Une douzaine d’étudiantes de l’université Panthéon Sorbonne, vêtues de tabliers et armées de pinceaux, s’activent dans les bas-côtés. Futures restauratrices de biens culturels, elles œuvrent à la dernière phase du chantier-école lancé il y a quatre ans, avec la commission d’art sacré du diocèse, pour restaurer les fresques du chemin de Croix. Une œuvre de l’artiste Eugène Nys, emblématique du renouveau de l’art chrétien des années 30.

Evangéliser

« Les artistes du XIXe et début XXe qui souhaitaient remettre au goût du jour cet art difficile qu’est la fresque, n’avaient pas toujours les techniques des peintures antiques qui ont traversé les siècles, notent Aurélie Nicaulaus et Claire Betelu, Maîtres de conférences, qui encadrent le chantier. D’où la nécessité d’intervenir pour rendre leur éclat aux couleurs. Avec le même impératif qu’à l’époque de leur réalisation : accompagner la prière. « Nos étudiantes doivent intégrer cette dimension en adaptant le degré de retouche, expliquent les professeures.  Nous ne laissons pas ici les traces du temps, comme on pourrait le faire sur une pièce de musée ». « Ces œuvres sont un support pour évangéliser, justifie Anne Da Rocha, responsable du service diocésain de l’art sacré. Si on ne voit plus le visage du christ, c’est compliqué ! »

« Une chance extraordinaire ! »

Pour les étudiantes en licence et master, ce chantier-école est l’occasion, une semaine par an, de confronter leurs connaissances aux réalités de terrain, de s’enthousiasmer pour des œuvres sacrées, de perfectionner leurs techniques de « consolidation des couches picturales » et de « retouches des couleurs »… « C’est une chance extraordinaire pour elles, un travail de professionnel qui les fait grandir et qui vaut de l’or sur un CV ! », se réjouit Aurélie Nicaulaus. « Tout le monde est gagnant : un tel travail par des professionnels coûterait des milliers d’euros au diocèse », rebondit Anne Da Rocha, heureuse de constater les nombreux fruits du partenariat.

La restauration du chemin de croix d’Eugène Nys fait suite au « grand nettoyage » de sa grande peinture murale ornant le chœur, qui avait nécessité six mois de travail à une autre étudiante de l’université Panthéon Sorbonne. D’autres travaux ont été menés ces dernières années (restauration des vitraux, réfection du sol, nouvel éclairage…), permettant à l’église de la Très Sainte Trinité de reprendre vie. Avec, aujourd’hui dans la maison Paul VI comme hier au grand séminaire, l’art au service de la formation et de l’évangélisation.

Alain Cardinaux

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