Lu en Gare Lille-Flandres

« L’espérance d’une joie est presque égale à la joie ». La phrase est sur kakémono. En gare Lille Flandres. Promotrice de la coupe du monde de rugby. La déferlante sur les quais, pour raison de braderie et de rentrée, prête-t-elle attention à cette citation de Shakespeare ?
Comme ça, là, en plein espace public, le dramaturge mondialement connu, rendu célèbre par son « to be or not to be » invite l’opinion publique à considérer l’importance majeure d’éprouver un désir.
Car  « presque égale » à la réalisation de ce désir !
Évidemment, la pensée de Shakespeare dépasse largement le fait de remporter une compétition.
Elle ouvre tant de possibles à nos reprises scolaires, professionnelles, associatives, pastorales, communautaires ! …
La société de consommation nous a tellement formatés à l’immédiateté, comme bonheur instinctuel.
Tout, tout de suite !
Et, paradoxalement, les émeutes estivales, la canicule répétitive, les fractures géopolitiques, la tension migratoire, la cécité sociétale, nous sidèrent et nous précarisent comme jamais.
Rentrer sereinement ? Quand l’école ou le centre social ont été dévastés ?
Rentrer dans la paix ? Quand les rochers de randonnée se fissurent, et emportent nos êtres chers ?
Quelque chose d’abyssal est en train de se vivre.
Le volume record de moules frites est un marqueur festif dont l’humain a besoin.
Mais il recèle une autre attente existentielle.
Nos rentrées sont comme en creux.
Coquillages débordant de la rumeur des peuples en des vents contradictoires.
Résonnants de la ferveur des Journées Mondiales de la Jeunesse vécues à Lisbonne.
Habités aussi par tant de questionnements.
« A quoi bon posséder l’univers si tu y perds ton âme ? » interroge Jésus.
La foi sera « une façon de posséder ce que l’on espère » éclairera l’épître aux Hébreux. Tandis que le grand St Augustin clamera : « Le bonheur, c’est de continuer à désirer ce que l’on possède ».
Voilà qui peut mouvoir nos énergies.
Voilà qui peut forer notre espérance.
Dans nos familles, nos paroisses, nos tiers lieux…
A l’horizon du calendrier de la société et de l’Eglise, des rendez-vous stimuleront notre conviction et notre agir.
Nous détenons un art d’organiser.
Nous sommes plus rétifs à nous convertir !
Puisse cette année nous offrir de chercher l’essentiel : nous passionner pour Dieu en nos frères, et nos frères en Dieu.

Mgr Bernard Podvin
Missionnaire de la Miséricorde