Les Dominicains à Lille, 800 ans d’histoire

Église de Lille Magazine Mai 2025

 

C’est au cours du XIIIe siècle, un temps de bouleversements et de troubles dans toute l’Europe et particulièrement dans les terres du Nord qu’a été fondé le couvent des Dominicains de Lille. Après la bataille de Bouvines (1214), Ferrand comte de Flandre et époux de Jeanne de Flandre – qui fonda à Lille l’Hospice Comtesse – est prisonnier à Paris dans les cachots du Louvre. C’est dans un contexte de guerres perpétuelles, d’essor des villes, de lutte contre l’hérésie cathare et de grave crise de la chrétienté que nait l’Ordre des prêcheurs puis, très vite le couvent de Lille.

Dès 1219, nous dit frère Benoît-Marie Florant, prieur du couvent de Lille :  «Le prévôt de la collégiale Saint Pierre (NDLR Guillaume Du Plouick) demande à Dominique de Guzman, d’envoyer des frères à Lille. Ce sont d’abord les frères de Gand qui viendront y prêcher. Mais très rapidement, le prévôt et le doyen reviennent à la charge et demandent au prieur du couvent Saint-Jacques de Paris d’envoyer des frères fonder à Lille un couvent ».

Malgré les vicissitudes de l’histoire et ses nombreuses destructions l’histoire du couvent des Dominicains de Lille est très riche. Ses multiples adresses tout aussi itinérantes que son Ordre témoignent de l’histoire tragique d’une région entre Flandre, Angleterre, Bourgogne et France. De tous les couvents qui se succédèrent à Lille depuis 1224 il reste la mémoire des documents écrits mais rien de palpable. C’est l’architecture du XXe siècle qui fait aujourd’hui la fierté de la communauté.

 

 

Au XXIe siècle comme depuis 800 ans, l’histoire du couvent est en marche.

« Le but de notre vie est d’annoncer l’évangile sous toutes ses formes. Et pour cela, il nous faut connaître et aimer le monde à qui nous sommes envoyés. C’est un travail permanent d’ajustement de notre parole qui doit dire l’évangile et être comprise des gens. C’est une remise en cause permanente, et vivifiante. », souligne frère Benoît-Marie Florant.

Le couvent de Lille développe à la fois ses activités propres et celles qui s’inscrivent dans le cadre de l’église diocésaine. Trois frères étaient cette année impliqués dans la vie paroissiale dans le Pévèle, les Weppes et Tourcoing. D’autres frères investis dans l’apostolat auprès des personnes précaires, sont aussi engagés dans la vie paroissiale de leur quartier de Lille-Moulins (Maison du 60).

Plusieurs frères participent à la vie diocésaine comme aumônier d’hôpital, de prison, de l’enseignement privé catholique, de mouvements, de la formation Even… »

L’apostolat se décline à travers le foyer Saint Dominique qui accueille des étudiants, le volontariat international Dom&Go, pour des missions liées à des œuvres dominicaines de part le monde ainsi

que l’apostolat numérique à travers Dominicom. Le couvent de Lille met par ailleurs en œuvre des missions d’accompagnement des pèlerins à Lourdes chaque année en octobre pour le pèlerinage du Rosaire, ainsi que les équipes du rosaire, ou les fraternités dominicaines pour les laïcs ou pour les prêtres. Enfin, une mission importante a été confiée au couvent de Lille en septembre 2024. L’accueil du noviciat de la province de France (une grosse moitié du territoire français et plusieurs autres pays). Les novices sont actuellement au nombre de huit.

Françoise Objois

Chaleureux remerciements à frère Benoit-Marie Florant, prieur du couvent de Lille et frère Rémy Valléjo, historien de l’art

 

 

Couvent de Saint Thomas-d’Aquin, pourquoi ?

L’actuel couvent de Lille est placé sous le patronage de Saint Thomas-d’Aquin, peut-être le théologien dominicain le plus célèbre de l’histoire né en 1225, juste un an après la fondation du couvent lillois. « Le patronage de cet illustre théologien nous rappelle souvent à notre mission : étudier et prêcher.» nous dit frère Benoit-Marie Florant.

 

 

Présence des Dominicains à Lille de 1224 à 2000

1224, Fondation du couvent des dominicains de Lille, extra-muros.

1293, Célébration du Chapitre général de l’Ordre des prêcheurs à Lille.

1580, Destruction suite aux guerres de religion et construction d’un nouveau couvent à Lille, intra-muros au pied de la motte castrale, actuel emplacement de la cathédrale N.-D. de la Treille, à l’angle de la rue Basse et de la rue du Cirque.

1790, Les frères quittent le couvent qui est vendu comme bien national et détruit.

1843, Rétablissement par le frère Henri-Dominique Lacordaire de l’Ordre Dominicains en France.

1868, Rétablissement du couvent des dominicains à Lille, rue de Puebla sous le patronage de Saint Thomas d’Aquin.

1870-1904, Installation des frères au couvent de la rue Léon Gambetta, alors rue Notre-Dame.

1902, Deuxième expulsion des congrégations religieuses de France.

1920 à 1927, Retour à Lille et installation du couvent 9 rue Jeanne d’Arc.

1952, La construction d’un nouveau couvent dans le quartier de Saint-Maurice Pellevoisin, 7 avenue Salomon à Lille, est confiée à l’architecte Pierre Pinsard.

1955 – 1960, Première tranche des travaux dirigés par Pierre Pinsard et Neil Hutchinson.

1957, Consécration de l’église le 29 septembre, puis emménagement de la communauté.

1960 -1965, Seconde tranche des travaux dirigés par Pierre Pinsard et Hugo Volmar.

2000, Premier bâtiment religieux à obtenir le label « Patrimoine du XXe siècle.