L’EAU DE LOURDES !

Le pèlerinage diocésain de Lourdes est en vue !
Nombreux seront les fidèles qui le vivront, accompagnés par notre nouvel archevêque.
Un des signes universels de Lourdes est son eau.
Ne dit-on pas « l’eau de Lourdes ? »
Ne se fait-on pas une joie de rapporter de Massabielle, à ses proches, un peu de cette eau bienfaisante ?
Beaucoup n’aspirent-ils pas à la boire, et aussi s’y laver au sens plénier du terme ?
Tant d’êtres humains accomplissent le toucher du Rocher, le regard ému sur le lieu historique du jaillissement de l’eau.
Aujourd’hui, son accessibilité aisée, inscrite au cœur du sanctuaire, pourrait faire oublier son origine prophétique dans le message de Lourdes.
A la neuvième apparition, seulement dirait-on !
La Dame dit à Bernadette : « Allez boire à la fontaine et vous y laver »
Ne voyant guère de fontaine, la petite bigourdane va vers le Gave.
Mais la Dame lui indique une autre voie. Ce sera là, dans le plus inattendu de la terre.
Là au sein du Roc d’évangile.
Bernadette s’y rend.
Elle consent à gratter.
Un peu d’eau boueuse vraiment sale.
Au quatrième de ses mouvements, elle pourra la boire.
Comme à Siloé !
Avec de la salive, Jésus fait de la boue.
Il l’applique sur les yeux de l’aveugle.
Puis il dit « Va à la piscine de Siloé. Va te laver ! »
Comme Naaman le Syrien devant se plonger sept fois dans le Jourdain afin d’être délivré de sa lèpre.
Bernadette, l’aveugle, Naaman… vivront, chacun en leur chemin, la grâce du dépassement de leur amour propre.
La moquerie est tellement spontanée devant cette voie divine insolite.
Passer de boue à eau ruisselante.

Passer de mort à vie.
L’eau, si précieuse et rare en contexte écologique de sécheresse !
L’eau, devenue arme de guerre et de chantage à la soif des populations. À Lourdes, elle est rappel de Dieu pour l’homme à son humilité profonde.
Sa préciosité salvifique est obtenue si l’on consent à gratter ce qui doit l’être en nous de l’homme ancien.
Sans la relation confiante de la petite Bernadette qui s’éveille au don de l’eau par le dépouillement de tout orgueil, de toute notoriété mondaine, il n’y a pas de purification en nous.
L’Eau, dans sa gratuité fidèle, provoque l’homme à sortir de lui.
A partager le verre d’évangile !
Dans son apparente insignifiance, n’est-il pas le geste qui désaltère?
Parce que ce bien mystérieux de l’eau nous est à la fois insaisissable et vivifiant.
L’eau ! Fil ténu quand tout est sec.
Submersion impressionnante quand tout est torrentiel.

Eau surgie de la boue.
Torrents de boue.
Mystère du baptême qui destine notre existence terreuse à l’immortalité de l’amour de Jésus.
À Lourdes, pèlerin n’oublie pas qu’ainsi est ton cœur.
À Lourdes, chemineau de sens, souviens toi de quelle glaise tu es constitué.
De passage en passage.
De dépouillement en naissance novatrice.
Tu nais à Dieu.
Tu te reçois d’un amour plus grand que toi.
Eau, symbolisant notre quête.
Certains jours éperdue et desséchée.
D’autres fois abreuvée et apaisée.
Désaltère-toi pèlerin !
Mais demande à Dieu de tenir ta soif sans cesse éveillée aux attentes du monde.
Durant les journées effectives du pélé lillois, puisse une intense communion se partager avec celles et ceux qui ne s’y rendent pas, mais y seront autrement.
Que Juin nous soit un mois où nos liens se resserrent.
Porteurs les uns des autres.
Dans l’intercession fraternelle de nos intentions.
Un peu d’eau de Lourdes… signe de l’ineffable amour!

Mgr Bernard Podvin
Missionnaire de la Miséricorde