LE SENS DE LA PREMIÈRE MARCHE!

LE SENS DE LA PREMIÈRE MARCHE!

Mgr Hippolyte Simon prenait volontiers l’image du célèbre Grand Degré au Mont Saint Michel : « Lorsque vous aurez gravi ce grand escalier, selon que vous trouverez la porte de l’abbaye ouverte ou fermée, vous comprendrez bien que cela ne changera pas seulement le sens de la dernière marche. Cet état de fait retentira aussi, par contrecoup, sur le sens de la première marche ».
Remarquable considération !
Empreinte de richesse et de conséquence pour la pédagogie et pour la rencontre.
Pour le dialogue et la pastorale.
Pour la réflexion et la prière.
Avoir entrepris de gravir l’escalier n’a pas moins de portée que d’être à son achèvement. Oser la première marche éclaire de l’intérieur ce qu’offrira la dernière. Être rendu  à la dernière marche est mû par la confiance en la première. Pas l’une sans l’autre! Dieu nous tire vers le haut.
Consentir à aller de commencement en commencement dans la recherche du Christ. Croire qu’on Le trouve en Le cherchant. Savoir qu’on Le cherche L’ayant trouvé.
Accepter d’être des apprenants.
« Si vous deviez dire oui aujourd’hui, le referiez-vous? » demande-t-on souvent  aux époux, aux ministres ordonnés, aux consacrés, quand ils jubilent et rendent grâce.
La question est mal posée.
On ne rétrograde jamais  le cours du temps. On ne réitère pas l’histoire.
On est dans l’aujourd’hui de l’amour parce que sa mémoire en est vive.
On est pèlerins. Le fiat est à la fois dans la première et dans l’ultime marche.
Pour le défunt  archevêque de Clermont, ainsi est le croyant. A la fois aspirant au « pas encore » tout en discernant le « déjà là » La promesse de Jésus de nous prendre avec Lui (Jean 14) est déjà anticipée dans le don de la foi. « Pour aller où je vais, vous savez le chemin! » dit le Seigneur.
Le Grand Degré de la célèbre baie universelle du Mont St Michel n’est pas seulement ici une jolie carte postale. Il nous aide à concevoir  le cours de la vie dans le dessein de Dieu.
Nous pourrions vite sombrer dans la platitude, le répétitif, le dégradant.
Le Seigneur est avec nous !
A l’heure où j’écris ces lignes, tout est paradoxal : à la fois une aspiration à la légèreté et à la créativité après ces mois confinés. Mais aussi,  cette gravité scrutant les nuages à venir  de variants et de vagues endémiques. A la fois des générosités collectives sans précédent,  et en même temps l’effroi de ce qui se légifère en bioéthique.
A la fois, des interdépendances reconnues et des replis terrifiants.
A la fois des prises de conscience salutaires et des aveuglements gigantesques. A la fois des aspirations populaires et une abstention abyssale. A la fois une soif spirituelle et un  matérialisme hédoniste. A la fois une écologie nécessaire et son idéologisation sidérante. A la fois des branches mortes et une sève nouvelle. A la fois l’ivraie de nos turpitudes et le bon grain de la fraternité.
« Il y a si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas encore ! »
Les semaines estivales vont-elles nous rapprocher les uns des autres ?
Vont-elles faire place à Jésus ?
Nous voici appelés à veiller.
« Si malgré les protestations de notre conscience, nous continuons à faire ce qu’elle réprouve, la conscience s’émousse » nous dit le Catéchisme pour adultes.
Notre temps a ceci de passionnant et de précaire tout à la fois : nous sommes en 2021  responsables, non seulement DEVANT  notre conscience « ultime témoin de Dieu auprès de nous » ; mais aussi responsables DE notre conscience !
La  conscience se cultive. S’éclaire. Se ressource. Se nourrit. Se tient en éveil. Notre conscience est sanctuaire, dit le Concile.
Afin que notre vigilance ne s’émousse dans les petits comme les grands moments,  je vous souhaite d’oser « la première marche » dans ce que Dieu attend de vous. Bel été au Grand Degré de l’Amour…

Mgr Bernard Podvin
Missionnaire de la Miséricorde