Le Pape François : un homme de parole
Date de sortie 12 septembre 2018
Durée 1h36
Réalisé par Wim Wenders
Genre Documentaire
Origine Italie (+Vatican), Suisse, Allemagne, France
Le 13 mars 2013, Jorge Mario Bergoglio, cardinal-archevêque de Buenos Aires, devient le 266e Souverain Pontife de l’Église Catholique. C’est le premier pape originaire d’Amérique du Sud, le premier jésuite évêque de Rome, mais avant tout le premier à avoir choisi le prénom de François d’Assise (1181-1226), un des saints catholiques les plus révérés, qui a consacré sa vie à restaurer la pauvreté évangélique, et éprouvait un profond amour pour la nature et toute la Création. Plus qu’une biographie ou un documentaire, le film est un voyage initiatique dans l’univers du pape François, articulé autour de ses idées et de son message, face à des questions aussi universelles que la mort, la justice sociale, l’immigration, l’écologie, l’inégalité de revenus, le matérialisme ou le rôle de la famille.
Trois ans après le biopic honnête quoique convenu (et prématuré ?) de Beda Docampo Feijóo et Eduardo Giana, le pape François est à nouveau à l’honneur sur nos écrans, cette fois dans un documentaire signé du palmé d’or Wim Wenders, qui l’avait d’ailleurs présenté hors compétition à Cannes au printemps dernier. Œuvre de commande issue du Vatican, la propagande hagiographique était à craindre. La demande venait en effet de Mgr Dario Edoardo Viganò, ex-préfet du Secrétariat pour la communication au Vatican, très cinéphile et grand fan du réalisateur allemand. Ce dernier, lui-même grand fan de l’actuel Souverain Pontife, et nonobstant un parcours spirituel sinueux (passant du catholicisme au bouddhisme pour finir dans l’Église presbytérienne), avait accepté avec joie, ayant reçu carte blanche pour piocher dans les archives vaticanes. Que le film sorte alors que les allégations d’un autre Mgr Viganò, cardinal celui-là, causent tant de souci à notre bon pape, relève du pur hasard malicieux. Pas de conspiration donc, mais que vaut le film ?
S’il faut bien reconnaître un ton clairement laudateur – celui de Wenders lui-même – on s’aperçoit vite qu’il ne s’agit pas tant d’un film sur le pape que sur la parole de celui-ci. Parole recueillie des séquences d’archives innombrables, mais aussi directement de la bouche du Saint-Père, qui nous interpelle directement en fixant la caméra (par le biais du procédé Interrotron, me souffle Marie-Charlotte). Pour nous dire quoi ? Ce qu’il ne cesse de répéter à nous, catholiques à la nuque raide, et qui trouve écho dans le reste de l’humanité souffrante : respecter tout humain, aller à sa rencontre, refuser la culture du déchet, ressouder nos familles, préserver notre maison Terre, promouvoir le bien commun… Et si Wenders ne parle guère de Dieu, rassurez-vous, François s’en charge, rappelant incessamment qu’il ne parle pas du haut de sa chaire en tant que personnalité charismatique à l’immaculée soutane, mais comme simple vicaire de Celui pour la plus grande gloire duquel il s’est depuis longtemps engagé.
On peut néanmoins s’étonner de ces étranges tableaux vivants du Poverello d’Assise, insérant leur cinématographie plus que rétro entre deux séquences. Volonté maladroite du réalisateur de forcer le parallèle entre les deux François ? Ou hommage discret aux Fioretti de son collègue Roberto Rossellini ?
Christophe