La rencontre en vérité

L’Église n’est pas seulement au service des pauvres.
Mais c’est bien plus que cela : l’Église, ce sont les pauvres
et nous avons à renouveler notre manière de vivre avec eux en frères.

«Nous sommes appelés à découvrir le Christ en eux [les pauvres], à prêter notre voix à leurs causes, mais aussi à être leurs amis, à les écouter, à les comprendre et à accueillir la mystérieuse sagesse que Dieu veut nous communiquer à travers eux.» Par ces mots pour la Journée mondiale des pauvres, le pape François nous rappelle que leur attente à notre égard est forte, pas tant sur les aspects matériels, mais sur la fraternité. De nous, ils attendent un accueil inconditionnel, de la considération, une écoute attentive, un regard humble, de la dignité et surtout de l’intégration au sein de la paroisse. La parole de Dieu, la résonnance qu’elle a dans nos vies, et le partage de cette résonnance, mais aussi le partage d’intentions de prière, autant de manières de vivre en frères et de passer du service du frère à la rencontre en vérité. La diaconie est, avec l’annonce de la parole de Dieu et la célébration des sacrements, l’une des dimensions constitutives de la foi chrétienne. «Personne n’est trop pauvre pour n’avoir rien à partager» (Diaconia 20131) et personne n’est trop riche pour n’avoir rien à recevoir. Unifier notre foi, nos personnes, notre vie sociale et spirituelle dans une recherche de communion toujours plus profonde au Seigneur, tel est l’enjeu auquel nous sommes appelés en cheminant ensemble. Alors, pourquoi partir du plus pauvre, de l’absent ou de celui que nous ne connaissons pas encore ?
Le pape François a placé sa dernière lettre invitant à vivre la 5e journée mondiale des pauvres sous le chapeau du verset : «Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous»
(Mc 14, 7). Pourquoi avoir choisi ce verset ? Cherchons dans la suite du texte : «Mais moi, vous ne m’aurez pas toujours», sous-entendu qu’il demeure présent caché dans la
figure des pauvres. Si le Christ n’est plus avec nous, il nous indique par là le chemin pour le retrouver. Le père Joseph Wresinski, fondateur d’ATD Quart Monde, disait que les
pauvres sont donnés à l’Église afin qu’elle n’oublie pas le Christ crucifié. Car au-delà de l’impérieuse nécessité commune à chercher la justice et la fraternité humaine, le service des «pauvres» et le service de l’Église de Jésus Christ nous fait entrer dans le mystère de l’«économie de salut» : la venue de Dieu dans ce monde en la personne de Jésus pour
sauver les hommes.

Jérome Montois,
diacre, délégué diocésain à la diaconie

1. rassemblement national de 12 000 personnes du 9 au 11 mai 2013, avec pour objet de partager les démarches mises en place en faveur des personnes pauvres, ou en situation d’exclusion sociale.