JE SUIS UN HUMBLE BERGER

JE SUIS UN HUMBLE BERGER

Je suis un humble berger dont parle l’évangile.
Nous gardions nos troupeaux en contrebas de Bethléem.
Faut pas me demander des paroles de savant.
J’ai pas l’instruction de Luc.
Faut pas me demander un témoignage mystique.
J’ai pas la capacité de Marie : si bien recueillir les choses  en son  cœur. (Lc 2,19)
Ce que je sais des événements ?
Il faisait nuit.
On était là dehors.
Un ange, d’habitude, ça vit  au ciel.
Or il était là dans le champ.
Devant moi comme je te vois.
Avec  une troupe céleste.

Je vais pas te mentir, on a d’abord été saisis de crainte.
Mais son message était tellement renversant.
D’habitude, c’est les scribes qui savent.
Nous les petits, on  comprenait.
On comprenait  donc cette religion-là :

Un nouveau-né emmailloté !
« Gloire à Dieu! » qu’ils ont chanté.
J’avais jamais entendu une si belle chorale.
On est allés voir; en grande hâte.
Marie, Joseph, l’enfant dans la mangeoire.
C’était tout  comme l’ange avait dit. Mieux encore !
Maintenant, faut que je te cause.
Quand on s’est inclinés devant  l’enfant, il s’est passé, en mon intérieur, quelque chose que les mots savent pas dire.
Plus je voulais m’incliner, plus c’est Lui qui s’abaissait vers moi.
J’avais rien consommé, je t’assure.
Et la terre de Judée n’avait pas tremblé.
C’est comme ça.
J’sais pas l’expliquer.
J’arrivais pas à me faire plus pauvre que Lui.
C’est pas moi qui venait à Lui.
C’est Lui qui se faisait mien.
Je récitais en moi l’annonce de tout à l’heure :
« Le Christ, Sauveur,  dans la Ville de David ! Aujourd’hui. Un signe donné» (Lc 2,11)
J’ai longtemps gardé le secret de cette sensation surnaturelle : ne pas savoir m’abaisser comme  Lui. C’était vraiment pas un vertige passager.
Ça changeait mon cœur. Je glorifiais Dieu (Lc 2, 20)
J’en ai parlé à… François d’Assise.
Lui m’a pris au sérieux. Il a conçu la crèche.
Je suis touché. Il m’a mis dedans. J’aurais jamais cru devenir…un personnage !
J’en ai aussi parlé à Bonaventure.
Un théologien qui  parle bien !
« En s’inclinant humblement, le Dieu éternel a assumé le limon de notre nature dans l’unité de sa personne. »
Fichtre ! Ce Bonaventure a vraiment la grâce de nommer l’ineffable.
Écoutons-le encore :
« Il nous faut beaucoup aimer Celui qui nous a beaucoup aimés. Qui que tu sois, cours avec un vif désir vers cette source de vie et de lumière. Si l’on te demande la raison principale pour laquelle Dieu s’est incarné : sa Très excellente bonté ! ».
Bonaventure est  Docteur de l’Eglise.
Moi, je suis  berger à Bethléem.
Ami de cette newsletter, permets moi de te conseiller :
Ne consens pas à la médiocrité des actuels débats de société. Regarde l’enfant.
Ne participe pas aux ravages du bien commun planétaire. Contemple le nouveau-né.
Si tu entreprends quelque chose de bien : adore ton Sauveur.

Ne regarde pas seulement l’homme en son orgueil. Soutiens-le en sa capacité à construire.
Dans ta paroisse, ton quartier, ta famille, ton engagement.
Sois pierre vivante avec tes frères, vous deviendrez  cathédrale.
Je suis berger à Bethléem.
Jésus n’a pas voulu retenir le rang qui l’égalait à Dieu. (Philippiens 2)  Il est venu te tirer, comme moi,  vers le haut dans l’humilité infinie de son immense amour !
Je comprends que Bonaventure dise :
« Cet amour est tellement grand que ma raison défaille ».
Foi de berger ! Je te souhaite la même expérience que moi….

Mgr Bernard Podvin
Missionnaire de la Miséricorde.