EN PANDÉMIE : GRAND COURAGE AVEC JÉSUS !

EN PANDÉMIE : GRAND COURAGE AVEC JÉSUS !

 

Nous sommes en 1629. La peste ravage Annecy qui n’est pas du tout la cité spacieuse et touristique d’aujourd’hui. Quatre mille habitants sont resserrés dans des remparts étroits. Les plus aisés fuient l’odeur pestilentielle et se retirent dans la montagne. Les indigents demeurent en errance. Jeanne de Chantal a fondé, dans cette ville, le monastère de la Visitation dix-neuf ans plus tôt. Pas question de s’éloigner du péril comme certains l’y enjoignent. Pas question non plus de faire n’importe quoi qui contaminerait les gens. Mais, une vraie proximité des personnes par le cœur, les actions, la prière. Le gel hydro alcoolique de l’époque est un « parfum » qu’on répand sur les souffrants. Les gestes barrières sont prosaïques mais pas inexistants. On a une intelligence de la maladie conjuguée à une détermination pratique. Le blé est partagé aux pauvres. Jeanne demande aux ecclésiastiques de dresser un autel près de la grande porte de l’église afin que le peuple les entende dire la messe. Que le Seigneur soit avec eux. « La maladie s’épanche partout, écrit-elle. Le pauvre peuple souffre de grandes nécessités. C’est une affliction qui ne se peut dire avec des mots. Nous usons de toutes les précautions possibles. Nous sommes en grand péril pour ce qui est de l’eau. Je ne veux oublier de dire le grand courage, la consolation, la franche et cordiale charité ». Deux mille personnes mourront du fléau, soit la moitié de la population. Une « seconde vague » comme l’on dit au XXIe siècle, sévira à nouveau l’année suivante. Jeanne, dès ses jeunes années en Bourgogne, avait déjà visité des malades atteints de chancre purulent, et avait commandé qu’un orfèvre lui fabrique une pince en argent afin de pouvoir leur porter le Christ de l’eucharistie sans risque de contamination. Quel témoignage de présence et de foi ! Quelle sève de générosité et d’espérance !

Autre siècle, autre pandémie…Voici ce tout petit édito de newsletter pour ouvrir octobre 2020. Que vous dire, chers lecteurs,  sinon vous partager le « grand courage » de Jeanne? Sinon vous remercier d’être, pour l’aujourd’hui des Hauts de France, des vivants propagateurs d’amour ! Jeanne insistait pour que l’expression de la foi soit « cordiale, franche et joyeuse ». N’est-ce pas de cela dont nous avons tant besoin cet automne ? La reviviscence d’un virus n’a rien de surprenant à l’échelle de l’histoire sanitaire des hommes. Nous pensions, peut-être un peu vite, l’avoir vu s’éloigner. Ces « vagues nouvelles » pourraient saper notre ardeur si nous n’allons puiser en Jésus notre espérance. Nos aînés dans la foi ont à nous transmettre leur capacité à « vivre avec » le péril, sans que la  résignation ou l’irresponsabilité envahissent nos cœurs. La crise de 2020 prend plusieurs visages. Le sanitaire est le premier auquel l’on pense spontanément, ça va de soi. Mais l’économique et le social sont là qui frappent avec violence et requièrent la fraternité. Comme Jeanne de Chantal, n’oublions pas que notre être forme un tout. Soignons aussi grandement les dimensions psychologique et spirituelle de ce temps. Le diocèse de Lille a un beau projet de rassemblement des familles en juin 2021. Il s’intitule: « Tous en chœur avec Jésus ». La préparation de ce rassemblement mobilise beaucoup de personnes. J’insiste sur le « avec Jésus ». Tant de choses en effet  deviennent relatives si elles ne se resituent à la profondeur décapante de la relation au Ressuscité. Comme l’écrit Saint Paul, rien ne peut nous séparer de l’amour du Christ si nous ancrons en Lui une vive relation d’amour. C’est la leçon de notre temps pandémique : nous nous sommes crus riches de tant de futilités alors que la seule richesse est d’aimer…
Alors, chers amis de toutes générations, à  vos familles, vos écoles, votre travail, vos engagements, vos proches, vos lointains, je souhaite « grand courage avec Jésus!»

Mgr Bernard Podvin
Missionnaire de la Miséricorde