C’EST LA PÂQUE DE JÉSUS !

J’ai posé,  voici quelques jours, l’huile sainte sur le front d’un malade.
« Diagnostic irréversible » murmurait-on dans son entourage.
Un taiseux, agissant le long de  sa vie par un amour que les siens lui rendaient bien, au seuil du grand passage.
La perfusion hydratante était sa compagne palliative.
Ce frère humain, pourtant décharné par la perdition cognitive, était d’une présence !
Ses yeux voyaient où nous allons.
« L’histoire de l’humanité, et de chacun, ne se dirige pas vers une impasse ou un abîme obscur. Elle s’oriente vers la rencontre avec le Seigneur de gloire » nous partage le Pape François.
L’acte liturgique accompli, je ne me descellais plus de cette chambre d’hôpital.
On ne prend pas comme ça congé d’un véritable Siméon !
Il fait si bon demeurer  auprès d’un frère qui « voit le salut ».

Que valait la course folle ?
Rejoindre la mêlée des embouteillages ?
Replonger dans la convulsion mondaine ?
Rééprouver les angoisses existentielles ?
S’impatienter pour le « ici et maintenant » ?
S’affairer à la pastorale ?
Courir à souffle coupé, alors  que dans cette antichambre lumineuse veillait  l’espérance vive!
Vanité, ô vanité que notre empressement encombré de nous-mêmes !
Chers amis, c’est la Pâque de Jésus !
Le bois de la Croix a porté le salut du monde.

Que cessent nos spéculations.
Que se recentre notre agir.
Que se taisent nos dissensions.

Le salut est Quelqu’un.
Le salut est  aujourd’hui.
Le salut est un « pour toi » qui jamais  ne se dénature  en individualisme,  mais éclate en justice et fraternité.
Le salut est un « pour tous » qui jamais ne dépersonnalise la rencontre de chacun avec son Seigneur.

« Pourquoi tant de catéchumènes à la porte de vos églises ? Avez-vous une analyse? » me demande le journaliste.
La réponse est quadruple

1) Ils cherchent Jésus, et non un ersatz.
2) Ils aspirent à une profondeur qui leur fut « volée » dans la superficialité de leur adolescence.
3) Ils témoignent d’un incommensurable besoin d’être écoutés en l’oxymore de leur fragile maturité.
4) Ils sont de leur temps, souvent mûs par les réseaux sociaux où se côtoient le grain et l’ivraie du chemin d’évangile.

L’analyse est donc… qu’il ne faut pas s’enfermer dans l’analyse.

« Mais, me direz-vous, cet engouement ne serait-il que passager ? Devenir catho serait-il tendance ? ».

La réponse est simple. Et quadruple de nouveau :

1) Serait-il « tendance » de prêcher un crucifié ?
2) Comme en toute aspiration massive, l’Esprit Saint aide au discernement.
3) L’évangile est liberté, et non recrutement sectaire.
4) Le disciple véritable n’a que faire des tendances. Il va de commencement en commencement.

Quelque chose de plus grand se dessine.
Nul n’en connaît les contours.
Nul ne sait d’où vient le vent et où il mène.
L’Eglise n’a rien à en conclure.
Encore moins « récupérer ».
L’Eglise doit surtout, et essentiellement, revêtir son tablier de service.
Revêtir sa chasuble de la prière, de l’approfondissement et de la proximité.
L’Eglise (ne cesse de dire Vatican II) est sacrement du Salut !

Mgr Bernard Podvin
Missionnaire de la Miséricorde