CE SONT DES CŒURS LIVRÉS QUE DIEU DÉSIRE!

CE SONT DES CŒURS LIVRÉS QUE DIEU DÉSIRE!

Un récit médiéval  nous parle d’un chevalier voulant s’amender de ses  fautes considérables. Il vient voir un homme de Dieu. Et exige de lui une énorme pénitence, non seulement à proportion de ses fautes.
Mais surtout… digne de son rang ! Il n’est pas n’importe qui,  quand même !
Le moine, voulant accomplir  le désir de Dieu, prie longuement la Sainte Vierge.
Marie  lui désigne un petit baril, un barizel.
Et donne consigne que le chevalier remplisse ce modeste  récipient à la fontaine.
Le moine communique fidèlement cette pénitence au chevalier.
Ce dernier, piqué dans son amour propre, proteste avec véhémence. Quel geste ridicule n’est-ce pas ?
Il grommelle longuement puis va, malgré tout sans conviction, vers ladite fontaine.
Ô surprise !
Toute tentative de remplir le barizel est vaine. Lui le fort, l’invincible s’avère incapable de ce geste humble.
Il revient dépité auprès du moine.
« Je n’ai guère pu acquitter ma peine. Serait-ce que mon péché est trop grand ?  »
Le chevalier dépose alors son armure.
Et fond du plus intérieur de lui-même.
Une larme commence à poindre de son œil contrit.
Elle tombe dans le barizel.
Le modeste récipient déborde sur le champ !
Les sanglots s’ensuivent chez l’homme qui se croyait inoxydable, et  surabondent du barizel.
Alors, le moine se met à louer Dieu s’inspirant du psaume 50 :
« Tu n’as voulu ni offrande, ni sacrifice. Mais un cœur brisé. Un esprit humilié. Tu les as reçus Seigneur ».

Pourquoi évoquer cette parabole dans l’édito d’une newsletter diocésaine ?
Pourquoi cette attention particulière,  tandis qu’octobre 2023 est effervescent : congrès mission, rentrées multiples, rassemblement Kerygma à Lourdes, neuvaines, visites pastorales, chantiers nouveaux, vendanges diverses, synode sur la synodalité……
Sans oublier  tant et tant de rendez-vous pro actifs impliquant chaque personne dans son réseau.
Sans omettre tant et tant d’enjeux sociétaux et planétaires.
Pourquoi ce récit «  décalé » par rapport à la technicité de nos stratégies ?
Parce que rien de « tout cela »  ne sera fécond sans conversion profonde.
Parce que vaine est l’action, si l’amour ne l’infuse et la diffuse.
Parce que Dieu n’attend pas le blindage de nos réalisations,  mais l’authenticité de nos cœurs livrés à sa Parole.
Parce que redoutable est l’agitation verbeuse sans écoute du Seigneur.
Le réchauffement climatique est non seulement une préoccupation majeure.
Mais il nivelle, hélas, notre perception des choses.
La psychologie et la spiritualité ne sont en effet  pas des « surchauffes permanentes »
Le cœur a ses saisons.
La parure automnale a son irremplaçable vocation. Elle dit à l’homme à la fois la vendange sublime dont il est capable,  et l’humilité que s’apprête à lui imposer   le dépouillement hivernal.
Le mercure s’affole.
Raison de plus pour cultiver en nous la maîtrise de nous-mêmes, fruit de l’Esprit.
Ce sont des cœurs livrés que Dieu désire.
Que ce soit pour l’aventure diocésaine, objet de ce support numérique, ou pour d’autres attentes universelles.
N’omettons  pas de poser notre armure.
Que notre conversion missionnaire soit celle qui plait à Dieu !

Mgr Bernard Podvin
Missionnaire de la Miséricorde