APPRENDRE À SE REPOSER EN LUI
« Seigneur, je suis fatigué, je n’arrive pas à me reposer la nuit. Le jour, je ne vis pas assez abandonné en Toi. D’où toutes sortes de tensions et de déséquilibres. Donne-moi de vivre avec sagesse. En ne Te quittant pas du regard. Seigneur, apprends-moi à donner ma vie sans la réclamer en retour; mais en la respectant, car elle T’appartient ».
Cette prière est du Roi Baudouin, en son journal spirituel.
Nous y trouvons de nombreux traits, nous rejoignant dans le réel de cet été 2025.
Reconnaître avec humilité sa pauvreté de mal se reposer.
Discerner que cette indigence n’est pas secondaire, car elle génère la tension.
Invoquer le don de sagesse dans son être et son agir.
Faire oblation de soi.
Mais en refusant de malmener cette vie reçue de plus grand que soi.
Baudouin a la simplicité de lier « le sain et le saint » : un sommeil de qualité induit une attitude de veille davantage abandonnée.
Quelle oraison ! Pétrie de réalisme et d’esprit filial. Baudouin écrit cette invocation au Seigneur en 1993. Avec lucidité sur lui-même et confiance en l’Amour de Dieu.
C’est peu dire qu’au seuil des vacances 2025… les enjeux de cette prière se sont intensifiés !
Épisodes caniculaires ; réseaux sociaux ; ambiance procédurière du vivre ensemble ; actualité anxiogène. Tout ceci pèse.
Bien se reposer devient de plus en plus un apprentissage. Un combat. Il ne suffit pas en effet, d’appuyer sur la touche « pause ». C’est tout un état d’esprit. Un ressourcement. Un décentrement. Un désir passant par des choix simples, pratiques et spirituels.
Notre société fait du repos vacancier un de ses fleurons économique, écologique, touristique.
Mais elle peine à proposer à l’être humain un repos bienfaisant en plénitude.
Trop de programmes d’été sont pavloviens.
Le sentiment d’être fatigué n’a jamais été si prégnant.
Pour une large part, par manque de simplicité.
La patience envers soi s’avère sans doute la plus difficile à acquérir. Elle est un Everest !
Mettons-nous donc à l’école de Baudouin.
« Père, en contemplant les étoiles, je deviens plus croyant, plus humble » constate-t-il dans sa belle considération de la voûte céleste.
Tout en ayant bien les pieds sur terre, au rendez-vous de sa responsabilité :
« Apprends-moi, Jésus, à être envers les personnes que je rencontrerai, ce que Tu veux que je sois ».
Un été n’est point de trop pour convertir notre manière d’être humain et croyant.
« Encore adolescent, j’ai découvert l’amour de Dieu pour moi, pour l’humanité » écrit Baudouin bien après avoir quitté l’âge adolescent.
Plus nous consentons à une spiritualité chrétienne du repos, plus nous recevons la capacité de voir les réalités en Dieu, et Dieu sur les visages.
« Je vois que chaque fois que des personnes tâchent de vivre l’Evangile, les choses commencent à changer. L’agressivité, l’angoisse, la tristesse font place à la paix et la joie » observe Baudouin.
« Je reste le même bonhomme. Mais mes faiblesses ne me découragent plus. Au contraire. Elles sont une raison de m’appuyer entièrement sur l’Amour du Père » exprime-t-il avec détachement.
Quoique vous viviez cet été, je vous invite à prendre Baudouin pour compagnon de conversion.
Et quand la météo, ou tel autre motif, risqueront de vous accabler, gardez précieusement avec vous sa boussole… chercheuse de l’attitude aimante et priante.
Mgr Bernard Podvin
Missionnaire de la Miséricorde