Eglise Saint-Benoit Labre
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St Benoît est une des plus humbles églises de quartier de la ville de Lille, avec son simple manteau de briques et son minuscule campanile ; elle n’en impose pas face à ses voisines qui sont St Pierre-St Paul, la paroisse mère, et St Joseph aujourd’hui détruit et réduit à l’état de chapelle.
Cette église de style roman, fut bénite par le chanoine Carton le 22 novembre 1889. Elle servit d’abord aux sœurs de la Sainte-Enfance comme chapelle privée. Or peu à peu, on habitua les
enfants et les fidèles du quartier à la fréquenter. Elle fut dédiée à St Benoit Labre, ce saint né à Amettes dans le Pas de Calais. Un saint qui fut un S.D.F. de son temps ; il était bien en place dans ce quartier. De son temps, Benoit était considéré comme un vagabond, le « vagabond de Dieu. », « l’ermite pèlerin », et même parfois « le pouilleux d’Amettes » !
A l’origine, les sœurs de la Sainte-Enfance avaient fait installer au-dessus du maître-autel une statue de N.D. de Pellevoisin. A droite, se trouvait une reproduction de la grotte de Lourdes
(aujourd’hui disparue) ; à gauche, les fonds baptismaux ; le maître autel était en marbre blanc ; le tabernacle en bronze doré représentait le Christ, bon pasteur, portant sur ses épaules l’agneau égaré ; le banc de communion, en fer forgé, était l’œuvre d’un paroissien ; les peintures derrière l’autel représentaient des anges portant les clous, la lance, le vêtement de Jésus et le linge avec lequel Véronique avait essuyé le visage de Jésus sur le chemin du calvaire . Et au-dessous, comme pour rappeler l’enracinement de la paroisse, un plan des rues où vivaient les 12.000 habitants du quartier.
Au fur et à mesure des années, le chœur a retrouvé un aspect moins sévère. Le décor du chœur fut refait dans les années 1930-1940 par l’abbé Pruvost, prêtre artiste du diocèse. Il fut recouvert de peinture en 1967, et n’en subsiste d’une grande figure d’ange, sur le coté gauche. Les portes en bois et fer forgé des confessionnaux trouvèrent place sur les murs autour du maître-autel, ainsi que des portraits peints de St Benoit Labre et une tapisserie retraçant les grandes étapes de sa vie. Les vitraux furent refaits et la cloche réinstallée.
Un embellissement entre tradition et modernité
En 2015, le P. Pierre Samain, curé de la paroisse Saint-Augustin, à Lille, fait appel à la commission diocésaine d’art sacré (CDAS) pour envisager le renouveau de l’église dédiée à saint Benoît-Joseph Labre : réfection du sol, remise en peinture, éclairage, restauration d’une partie des décors peints qui avaient été recouverts de blanc, l’aménagement liturgique.
Il restait quelques traces du décor réalisé par l’abbé Pruvost (il avait travaillé dans bon nombre d’églises du diocèse : Sainte-Marie-Madeleine à La Madeleine, Notre-Dame de Pellevoisin, la
Sainte-Trinité au séminaire, etc.). Pour les remettre en valeur, la CDAS demanda à des professeures de Paris I – Panthéon-Sorbonne de mettre en place un chantier-école avec leurs
étudiants en restauration d’œuvres d’art. Professeures et étudiants passèrent plusieurs semaines dans l’église, en 2016 et 2017, pour réaliser un travail au scalpel long et minutieux, et dégager une figure d’ange portant un calice.
Quant au mobilier liturgique, c’est l’autel qui se trouvait dans l’ancienne prison de Loos, aujourd’hui démolie. Riche d’une histoire vraiment particulière, il a toute sa place dans cette église
où sont accueillis tant de “blessés de la vie”. Non loin de l’autel, pour la proclamation de la Parole de Dieu, fut disposé un nouvel ambon. Enfin, les fonts baptismaux furent placés dans l’allée
centrale, à l’entrée de l’église, en rappel de notre baptême, “porte des sacrements”.
Enfin, les anciens décors du chœur étant trop abîmés pour être sauvés, il fallait faire du neuf, imaginer, créer. S’étant imprégnée de l’esprit du lieu, Philomène Zeltz proposa, au-dessus du
tabernacle, un grand Christ enseignant, par la voix des quatre évangélistes, sur le modèle des icônes traditionnelles ; à ses pieds, saint Benoît-Joseph Labre, et de part et d’autre, des
compagnons de Saint Benoit1 en prière, vivants ou déjà partis vers le Père. Tous éclairés par la belle lumière du Christ, compagnons d’hier et d’aujourd’hui, sont des apôtres, signes d’une Église bien vivante et servante, dans ce quartier aux “périphéries”, là où nous presse d’aller le Pape François !
Les compagnons de Saint-Benoît Labre sont un groupe de chrétiens du quartier de Wazemmes, lancé par le père Arthur en 2008 (connu pour son engagement auprès des Roms).
Il assure deux permanences par semaine pour une écoute et prier ensemble, et quand c’est possible, pour résoudre quelques problèmes, proposer un café, un repas, des habits… Ils font
vivre dans la paroisse un bel esprit de fraternité.