Travail soigné
Travail soigné, 10 octobre 2020
Intervention finale, Mgr Laurent Ulrich, Archevêque de Lille
Nous avons entendu des témoignages magnifiques : éducatrice, agents hospitaliers, aidants familiaux, travailleurs sociaux, soignants auprès de personnes handicapées mentales. Et il y a tant de personnes que nous savons invisibles, qui n’ont pas souvent la parole.
Nous avons pris le temps de les écouter, j’avais moi-même lu beaucoup de ces témoignages qui sont arrivés à la Mission ouvrière du diocèse depuis 2 ans. Travail d’écoute précieux.
Nous avons entendu les joies et les peines, et nous avons pensé à une célèbre parole de l’Église, prononcée il y a 55 ans et qui retentit toujours : « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. »
La démarche est longue, progressive ; ce que nous entendons, nous essayons non seulement de le comprendre mieux, mais de le faire entrer dans notre cœur pour que ces paroles ne restent pas à la surface, parce que forcément elles risquent de se perdre dans le brouhaha contemporain … mais pour qu’au milieu de ce brouhaha elles parviennent à toucher d’autres cœurs, et qu’elles puissent trouver écho auprès de responsables, auprès de personnes influentes, qu’elles laissent une trace qui fasse peu à peu changer les mentalités …
Ces paroles, que vous avez enrichies avec vos témoignages venus des territoires du diocèse et des composantes de la Mission ouvrière, nous les avons confrontées à la vie et aux paroles auxquelles se réfèrent les croyants que nous sommes : la parole de l’évangile – ici c’était la parabole du bon samaritain, si connue. Une histoire racontée par Jésus-Christ et qui ne laisse personne indifférent. Ce n’est pas celui qu’on attendait qui se porte au secours du plus souffrant, mais un étranger au grand cœur, aujourd’hui l’un de ces invisibles dont nous parlions. Un invisible que vous avez su voir !
Et nous les avons confrontées aussi à la parole actuelle de notre Église. Le pape François a dit des paroles décisives que nous avons entendues : sur la disparité sociale que développe le jeu de la compétitivité et de la loi du plus fort où le puissant mange le faible. Et sur l’indifférence qui nous guette tous. Il a dit cela dès 2013, dans La joie de l’évangile, et il vient de le développer dans sa dernière encyclique, il y a quelques jours, Fratelli tutti, Tous frères. Toutes vos prises de parole, les actions que vous menez sont une grande richesse, un espoir.
Les croyants parmi nous aiment à découvrir le visage du Christ qui est venu pour tous, le visage de Dieu que révèle celui qui est blessé physiquement, mentalement ou socialement. C’est peut-être un mystère pour beaucoup ! Nous n’aimons pas la souffrance, mais nous savons qu’en y étant attentifs, nous devenons plus humains, plus proches de Dieu aussi.
Alors nous avons découvert cette dénomination de la place où nous sommes réunis : PLACE À CEUX QUI REMETTENT DEBOUT ; c’est comme l’aboutissement de toute cette démarche de deux années. Oui, il y a des personnes qui remettent les autres debout ; et ces personnes elles-mêmes portent un poids très lourd sur leurs épaules. C’est la foi dans ce qu’elles font qui les tient debout ; c’est la foi que les personnes blessées peuvent se relever ; c’est la foi humaine dans leur mission ; et pour un bon nombre de nous ici, c’est la foi en Dieu, la foi dans le Christ toujours attentif, toujours bienveillant, toujours relevant chacun.
Quelle que soit la foi qui vous anime, partageons ce bonheur, entretenons cette flamme du service qui rend plus humain, et qui ouvre un avenir dès cette vie et avec Dieu pour toujours.