SAINT JOSEPH : L’ÉVANGILE SANS FARD!

SAINT JOSEPH : L’ÉVANGILE SANS FARD!

Une année Saint Joseph ?
L’homme pressé et sidéré par les urgences climato-sanitaires se demande de prime abord : « N’avons-nous pas plus important à penser ? Serait-ce la réactivation d’une piété ? Et la Covid dans tout cela ? ». Qui niera la gravité de la période ? En s’asseyant un peu à l’écoute de Dieu, et à la lecture des signes des temps, tombent ces réserves mondaines comme feuilles mortes d’automne. L’on découvre, en effet, une grâce remarquable dans la promulgation par le Pape François d’une année vouée à celui qui aima Jésus « d’un cœur de père ». Quand l’amour est de la dimension incarnée par Joseph , il ne peut être hors sol et nous faire ignorer les temps que nous vivons. Bien au contraire, il ravive notre ardeur.

Citons ici deux pistes parmi de multiples :
*D’abord Joseph est le veilleur par excellence. Sa vie est le consentement ineffable à être gardien nourricier de Dieu fait homme. Tandis que Joseph façonne son bois quotidien de charpentier à Nazareth, il veille, aux côtés de Marie, à la croissance de celui qui est plus grand que lui. A la semaine Sainte, nous vénérons « le bois de la Croix qui a porté le salut du monde ». Le salut du monde aura grandi en sagesse sous la garde de Joseph. En contexte de Covid, dit le Pape François, « nous prenons conscience de l’importance des gens éloignés des projecteurs, insufflant l’espérance et veillant à créer une véritable coresponsabilité ». Joseph est le véritable saint patron de ces témoins discrets, à l’amour inégalé, dont la crise Covid dévoile le visage attentionné. Son rôle unique dans l’histoire du salut est une irremplaçable bénédiction et une inspiration ardente à prendre soin d’autrui. Joseph est aux antipodes du personnage falot. Tout en lui est obéissance amoureuse. Ses silences sont édifiants. Ses actes sont parole. Sa foi est impressionnante. La fuite en Égypte est révélatrice de sa capacité à écouter Dieu jusqu’au bout quand le plus fragile des vivants est en péril. En sauvant l’enfant Jésus du bras meurtrier, il dit la compassion de Dieu envers tous les innocents des siècles. Dans notre monde qui connaît le risque de s’affaisser comme un château de cartes, Joseph, le menuisier du divin pose les étais solides de la foi, de l’espérance et du vif amour.

*Second point : Joseph nous enseigne une paternité nouvelle. « On ne naît pas père, on le devient » écrit le Pape. Notre civilisation pourrait vivre deux impasses. Soit la nostalgie d’une paternité abusive. Soit l’illusion d’une absence de paternité. Ces deux idées sont mortifères. L’évangile est voie nouvelle. Le consentement de Joseph éclaire en nous de l’intérieur la quête de père. L’enfant qui est confié à Joseph dira plus tard en parlant de son propre messianisme « Ma nourriture ? Accomplir la volonté de Celui qui m’a envoyé ! Qui me voit voit le Père! » (Jean 4 et 14).

Il est émouvant de voir tant de petites gens faire confiance à Joseph. De la protection sur le travail à l’accompagnement vers la mort, Joseph est invoqué par la religion populaire. Pour prendre un simple exemple, Bernadette Soubirous (que nous fêtons le 18 février) écrit à sa sœur en 1868 : « Je demande à Saint Joseph de faire des membres de notre famille de fervents chrétiens, et de nous accorder la grâce d’une sainte mort à tous ».
Commentant ces lignes de l’humble sainte de Lourdes et Nevers, le théologien André Ravier dira : « Elles offrent la sobriété de la transparence et l’évidence sans fard de l’évangile ». C’est de cela dont nous avons tant besoin !
L’évangile sans fard !
La crise est rude, décapante et loin d’être achevée. Saint Joseph fait route avec nous.

Pour revivifier nos forces intérieures, redécouvrons sa vocation. Une étudiante du Nord vient d’écrire au Président de la République la détresse morale des jeunes. Elle craint que s’installe en elle « une mollesse de l’âme ». Expression magnifique que Joseph, fils de David, prend sur lui, en gardien bienveillant et attentionné. Cette jeune n’est pas seule que la mollesse de l’âme envahirait… si le Père putatif de Jésus ne se faisait gardien d’humanité ! Saint Joseph priez pour nous.

Mgr Bernard Podvin Missionnaire de la Miséricorde