MERCI AUX ENSEIGNANTS

MERCI AUX ENSEIGNANTS

Qui que vous soyez, voulez-vous vivre cet exercice tout simple et bienfaisant ? Pendant quelques instants, recueillir en vous le, ou les profs ayant marqué votre chemin.
Évidemment, notre mémoire « potache » influe notre mémoire existentielle.
Bien sûr, le psychisme mystifie parfois le passé.
Et, il va sans dire : les méthodes pédagogiques sont évolutives.

Ces trois précautions étant notées, subsiste pourtant en nous la vive mémoire de visages enseignants.
Véritables transmetteurs de vie. Passeurs de sens. Communicateurs de passion.

Leur veston était élimé à l’usure des innombrables heures de classe ?
Leurs mains étaient crayeuses d’une surabondance d’écriture et de parole ?
Leur personnage, homme ou femme, se singularisait par tel ou tel aspect pittoresque ?
Oui, mais plus profond était en train de se jouer entre eux et leur auditoire « acnéique ». Souvent, à l’insu du prof et de l’élève, se forgeait une personnalité. Se structurait une pensée. Se transmettait une éthique. S’éveillait une liberté.

Beaucoup d’enseignants ne sauront jamais le bien qu’ils font, parce que le comportement immédiat de l’ado ne dispose pas encore du recul réflexif sur cette réception.
Beaucoup d’enseignants ne verront jamais « la levée de germination » qu’ils ont introduite. La maturation intellectuelle, humaine, spirituelle s’opère à l’épreuve de la vie. Elle prend du temps.
L’être qui s’accomplit croit se suffire.
Peu à peu, s’éclaire la dette pédagogique. Le véritable prof est celui qui n’a créé aucune dépendance chez l’élève. Mais l’a épris de curiosité, de discernement, d’absolu…

Je ne cesserai d’être dans l’action de grâces pour mes profs ayant suscité un supplément d’âme au déversement du savoir.
En gratitude d’eux, je porte en empathie et prière, tous les profs d’aujourd’hui.
Je n’ignore pas « la boule au ventre » dont beaucoup témoignent.
Enseigner à l’ère numérique, intégrisante, et relativiste est tout sauf une sinécure.
Les soifs de sens sont pourtant là chez les jeunes, parfois complexes à saisir au clair-obscur de tout ce qui blase et angoisse.
Une tutelle congréganiste m’a sollicité pour « prêcher » une retraite spirituelle pour enseignants. J’ai dit oui en priorité.
Comme infime contribution à la mission éducative d’aujourd’hui, si fragile et si exaltante.
Le chrétien Gustave Thibon disait : « On peut toujours apprendre ce qu’on ne sait pas. Non ce qu’on croit savoir. Il n’est de bonheur authentique sans une part de victoire sur soi-même. Le mystère n’est pas un mur où l’intelligence se brise. C’est un océan où l’intelligence se perd. S’aimer, c’est avoir faim ensemble, et non se dévorer l’un l’autre ».
L’éducateur est serviteur de ce qui est infiniment grand dans le jeune qui lui est confié.
Thibon le dit avec sa force germinative :
« Après bien des détours, on découvre la vanité du monde. L’homme dont le désir n’est pas tendu vers l’impossible ne touchera Dieu ».

Courageuse rentrée à vous ! Vous, dont sont plus pesantes les contingences familiales, humaines, pédagogiques, matérielles.
C’est à vous qu’il faut dédier cet édito.
Car, éduquer n’est pas planer.
Dans ce réel, et pas un autre, se vit la relation éducative.
En toutes classes du diocèse, joyeuse rentrée !
Dieu n’en est pas absent….

Mgr Bernard Podvin
Missionnaire de la Miséricorde