IL FAUT QUE VOUS SACHIEZ !
Je viens de conférer à une baptisée l’onction des malades.
Elle est d’un grand âge.
Je l’ai trouvée très digne et réceptive de l’événement.
Son émotion était perceptible.
Comment ne pas la comprendre ?
Toute visite sacramentelle de Jésus dans le cœur de quelqu’un est un véritable saisissement d’amour.
Après un moment de recueillement, elle souhaita m’entretenir.
« Il faut que vous sachiez. Le Père Untel m’a baptisée à l’âge de cinq ans. Son acte courageux me sauva de la déportation nazie ».
Il importait à cette personne, profonde et attachante, de me transmettre le bien inestimable que quelqu’un lui avait procurée voici…. plus de quatre-vingt ans !
« Par humilité, il n’en a jamais fait mention. Il ne voulait pas qu’on connaisse ce qu’il accomplissait de grand. Moi, au soir de ma vie j’ai besoin de dire ce bien ! »
Je venais « d’offrir » une onction.
Je recevais au centuple !
Non seulement, cette croyante était apaisée par le sacrement des malades.
Mais elle partageait un fruit.
Elle léguait le cœur de son existence
« Le bien ne se dit pas assez ! ».
Cette aînée est pour moi icône d’une attente abyssale de notre vie en 2025.
Notre société est trop souvent négative, délétère, cassée de toute part.
Le respect mutuel, le fonctionnement organique de la légitime diversité, sont en morceaux.
Le Cardinal Bustillo vient d’écrire à ce sujet « Réparation ».
Dans le livre, il plaide pour que l’on tisse les liens si fragiles.
Une des pistes est sans doute l’attitude de cette dame vénérable :
propager le bien, l’estimable, le constructif.
Soyons vigilants :
l’instillation du négatif dans le réseau, l’envenimement de tout ce qui délite la confiance, tout cela prend aujourd’hui des proportions algorithmiques.
Notre responsabilité est grande.
L’actualité du monde, et de l’Eglise, est en attente de « faiseurs et influenceurs » de bonne volonté.
« Que vous êtes bonne ! » écrivait un prêtre qui correspondait avec Thérèse de Lisieux.
« Bonne dans cette simplicité et cette ouverture qui me confondent ».
Le prêtre ajoutait : « Je suis si peu habitué à trouver cette bonté ».
Dans nos paroisses, nos familles, nos engagements, répandons une culture de la bonté, à ce monde qui y est…. « si peu habitué ».
Mgr Bernard PODVIN
Missionnaire de la Miséricorde