Dieu veille sur les hommes

« C’est l’infirmière à domicile qui m’a sauvé ».
L’expression est fréquente !
Beaucoup de malades en témoignent.
La proximité soignante voit ce qu’une thérapie, plus distante,  n’a pas perçu.
Le soin réitéré discerne l’état évolutif de la personne,  bien mieux  qu’un surplomb diagnostiqué.
La vigilance journalière est certes  plus ingrate et besogneuse. Mais elle connaît qui elle visite.

Cette remarque fondamentale ne dénigre nullement la vocation du chercheur.
Lui aussi est en ascèse,  tant  qu’une découverte n’est  advenue.
Théorie  et proximité ont  à se donner la main.
Que le sachant n’oublie jamais la singularité d’un être.
Que le soignant accueille un progrès,  s’il est humainement avisé.
Que le patient soit cœur de leur mission.

Ainsi est la condition humaine.
Ainsi est le Dieu de notre foi.
« Il a fait le ciel et la terre » chante le psalmiste (145, 6)
Quelle sublimité !
Mais le même psalmiste affirme :
« Il donne le pain aux affamés » (145, 7)
Sa grandeur est d’être proche.
Son amour est d’être ineffable.
Ainsi sera le Dieu des chrétiens.
Engendré,  non pas créé. (Credo)
Venant à nous, pour que nous advenions à Lui.
Se faisant nôtre, pour que nous devenions siens.
L’Avent est cette école où nous nous faisons apprentis veilleurs.
Veiller sur soi, sur autrui, sur le cosmos…
Cette veille ne s’acquiert qu’éduquée par la veille divine envers l’homme.
C’est parce que Dieu nous a tant aimés que notre veille prend sens dans la lumière de Bethléem.
La crèche elle-même nous éveille à ce soin.
Marie veille sur l’enfant,  tandis que Joseph accomplit envers tous deux sa mission divinement inspirée.
Un silence, habité par le ciel,  fait de ce « petit logis » notre propre maison.
Jésus vient pour la planète entière.
Un signe nous est  donné dans une mangeoire (St Luc 2,12)
Le Sauveur est,  en sa personne, le « pain livré aux affamés »
Bethléem, maison du Pain ! (Bet Lekhem)

De vieilles photos nous montrent la profession, aujourd’hui désuète, des allumeurs de réverbères.
On en sourit à l’heure des drones et de l’IA.
Il n’est pas dit que Dieu ait dit là-dessus son dernier mot !
N’en déplaise à ceux qui effacent le nom de Noël,  par crise urticaire, la Nativité est plus que jamais désirée, bien au-delà des sphères pratiquantes. La crèche est pour tous !
L’incarnation du Fils de Dieu  est événement universel appelé à résonner en chaque être.
Dieu appelle en nos familles, quartiers, communautés, des allumeurs de réverbères pour ce temps-ci. Et pas un autre.
2025 s’achève dans ce paradoxe :
angoissés par le devenir, nous céderions à l’immédiateté.
La veille, dans l’évangile,  n’est jamais de tout repos.
Elle cherche l’homme,  dans sa rugosité et son génie. Dans la beauté de sa finitude, comme dans la laideur de son péché,  pour allumer en lui le réverbère d’éternité.

Dieu, en Jésus,  est un formidable « soignant à domicile ! »
Parce que Dieu veille si bien…
Veillons au mieux à son école.
Le jubilé s’achève.
« De ton cœur, jaillit la vie divine ».

Mgr Bernard Podvin
Missionnaire de la Miséricorde