Chrétiens de Terre sainte en quarantaine
A Ramallah, ville située à environ 15 km au nord de Jérusalem, les Palestiniens sont en quarantaine. Lucy, membre de l’équipe d’animation de la paroisse de la Sainte famille, qui est jumelée avec la paroisse de la Bonne Nouvelle à Marcq-en-Baroeul, témoigne.
“Chaque jour, pour aller à l’épicerie la plus proche, cela peut prendre plusieurs heures, de dix heures du matin à cinq heures du soir. La vie continue, trop lentement. Tout se fait électroniquement de chez nous : l’enseignement, le travail et la prière. Personnellement, comme d’autres professeurs, je dois chaque jour donner deux à trois conférences à mes étudiants. Nous nous attendons également à passer les examens par voie électronique, car personne ne sait quand prendra fin cette quarantaine… Vous pouvez imaginer la manière dont nous suivons chaque jour l’actualité et prions pour qu’il n’y ait plus de cas infectés.
La solidarité à tous les niveaux
Le gouvernement met à disposition des lieux partout en Cisjordanie et à Gaza pour mettre en quarantaine des personnes testées positives. Le secteur privé a également offert de l’aide sous différents aspects : par exemple, les hôtels sont ouverts à la quarantaine, les restaurants proposent des repas aux médecins ainsi qu’aux policiers. Chaque municipalité a son propre plan d’urgence, une liste de bénévoles aide la municipalité en cas de besoin.
Notre paroisse a offert un panier de nourriture aux nécessiteux. Comme chaque année avant Pâques, le comité saint Vincent de Paul de notre paroisse distribuera de la nourriture aux 120 familles qui attendent notre aide. De plus, notre groupe scout se porte volontaire pour aider la police à maintenir l’ordre dans les files d’attente des supermarchés et des banques.
La prière autrement
Dieu est présent avec nous et personne ne peut le nier. Même si les églises sont fermées, ce que nous vivons pour la première fois, les prières se déroulent continuellement, de chez nous. Grâce à la technologie, nous participons à la messe sur des sites Internet : chaque paroisse a son site, en plus du Christian Media Center qui diffuse les prières et les messes. Les prêtres restent en contact avec leurs communautés en envoyant des prières et des méditations.
Ce qui nous manque, c’est la communion ; les prêtres ont récemment écrit des articles sur la façon dont nous acceptons la communion spirituelle. Ne pas pouvoir être unis à Dieu chaque dimanche est très difficile pour moi, comme pour beaucoup je pense.
Pour la semaine sainte, la plus puissante pour nous chrétiens dans la pratique de notre foi à Jérusalem, nous n’arrivons pas à imaginer que les prières ne se feront que dans la co-cathédrale du patriarcat latin, et non dans la sculpture sainte.”
Témoignage du Père Jamal, curé de la paroisse de la Sainte famille de Ramallah
“Pour la semaine sainte, j‘ai invité les cinq curés voisins, chacun accompagné de 2 religieuses, à me joindre pour pouvoir célébrer le triduum pascal ensemble et le diffuser à nos paroissiens via internet. Les célébrations à Jérusalem vont nous manquer : le dimanche des Rameaux et le chemin de croix dans les rues de Jérusalem, le jeudi soir à Gethsémani, le samedi saint avec la célébration autour du feu… Cette semaine sera triste, mais nous espérons porter un message d’espoir aux gens enfermés dans leurs maisons : la semaine sainte finira par la victoire de la vie (contre la mort), de la lumière (contre les ténèbres), Dien en Jésus Christ triomphera. La résurrection est en elle-même un message d’espoir.”
Propos recueillis par Tiphaine de Lachaise