UN SEUL ACTE DE VRAIE BONTÉ

Je quitte à l’instant la magnifique journée diocésaine de la vie consacrée qui s’achève.
Religieux, religieuses et consacrés,  insérés dans le diocèse, réunis en grand nombre  autour de notre archevêque. Parmi de nombreux motifs de rendre grâce, je suis touché par la sollicitude discrète d’un religieux envers son frère aîné et fragile, de même congrégation. Cette fraternité tangible  lui a permis de prendre part à l’intégralité de la rencontre. L’attention évoquée ici n’est pas une pieuse formule. Elle passe par tout  le concret que la santé, la motricité, la dignité et l’intimité d’une personne requièrent,  quart d’heure après quart d’heure …. Délicatement, je remercie ce frère pour sa bienveillance. Il me dit alors son émotion que cela lui soit signifié. Il me dit surtout le prix inestimable de son frère. Repasse  en quelques minutes, dans notre conversation, un vécu partagé entre eux, honoré par cette marque de fidélité. Je perçois  une ineffable grandeur dans ce que nous croyons être « de petits riens».  Se dessine  ici le mystère de la bonté. Il devient sujet de cet édito d’avril  tandis que nous essayons de suivre Jésus montant à Jérusalem pour le don plénier de sa Vie. Le Carême nous brûle de conversion dans sa riche progression liturgique. Fait-il croître notre bonté comme une gratuite et féconde relation à nos frères ?
Des Cendres,  reçues lors de l’imposition inaugurale des quarante jours,  jusqu’à l’exultet pascal, aurons-nous pris conscience (chemin faisant), de notre finitude radicale ? Finitude appelée à se convertir en offrande et désir de se recevoir du Vivant de Pâques ? Nous sommes si vulnérables. A titre personnel et collectif.
Madeleine Delbrêl disait :
« Le cœur des hommes de notre temps s’asphyxie lentement et sournoisement d’une absence universelle : celle de la bonté. Aussi, la rencontre d’un homme réellement bon produit quelque chose qui n’est pas de l’ordre de la pensée. Un véritable phénomène d’oxygénation du cœur. Un seul acte de vraie bonté peut acheminer vers Dieu.  Celui qui fait le bien vient à la lumière ».
Un Seul est Sauveur du genre humain. Toute la Pâque de son Amour l’atteste aux siècles des siècles. Ce Sauveur, (dont nous n’avons jamais à prétendre nous substituer à Lui  mais à devenir ses témoins), nous invite à aimer nos frères. Les aimer de la Source même  du bois de sa Croix.
Un seul acte de bonté, disait Madeleine, devient transformateur s’il prend source en Dieu. Un seul est crucifié pour la multitude.
Afin d’être si intimement configuré à tous ceux que l’histoire crucifie.
Un seul acte divin devient source salutaire.
Un seul acte d’humble amour oxygène.
Comme dit l’hymne : « Jésus meurt. Tout repose en l’unique oblation. Demain, le Jour surgira du tombeau ».
Sainte Semaine à vous, les yeux fixés sur Jésus,  et redoublant d’attention fraternelle entre nous !

Mgr Bernard Podvin
Missionnaire de la Miséricorde