QU’EST CE QU’ON ATTEND ?
« Qu’est-ce qu’on attend ? »
L’expression est fréquente dans la vie de tous les jours. Elle peut être interrogative, désabusée, impatiente, selon les circonstances.
Attendre, ici, est la traduction d’un dynamisme qui s’enlise, d’un sentiment de vide désespérant, d’un reproche fait à trop de lenteur, d’une inertie devenue insupportable.
Le cri est légitime quand cette vacuité accroît une blessure non soignée. Il peut être immature si la personne se déresponsabilise en le proférant sur les autres.
« Qu’est-ce qu’on attend ? » L’Avent n’est-il pas attente ? Mais, en ce cas, n’est-il qu’un surcroît d’attente à tout ce qui, déjà, est attendu ? N’est-il qu’une attente de plus sans qu’elle se distingue des autres aspirations ?
N’est-il qu’une attente quelconque n’éclairant pas de l’intérieur toutes les autres ?
Le cistercien André Louf a cette remarque essentielle : « Le temps de l’Avent n’est pas fait pour nous désintéresser du moment présent, mais pour le féconder. Le féconder par le désir d’un événement qui doit encore se produire, et révélera le sens profond de notre histoire ».
Insistons sur ce point. L’Avent ne nous mène pas seulement à l’heureuse commémoration de l’avènement de Bethléem. Il est attente de Celui qui, déjà venu, est encore à venir.
Nous vivons l’Avent, parce que Dieu, venu en son Fils, dans l’Incarnation et la Rédemption, est également Dieu à venir. D’un avènement qui sera dépassement de ce que nos pauvres attentes expriment.
Le message d’évangile n’est pas d’attendre quelque chose. Le « Qu’est-ce qu’on attend? » doit se muer en « Qui attendons-nous? ». La foi est désir ! Attente d’un Amour ineffable. Nous attendons Quelqu’un. Celui en qui tout le sens de l’histoire sera récapitulé.
C’est, en ce sens, que notre manière d’habiter les angoisses, les incertitudes, les aspirations qui marquent ce temps, nous font évidemment partager ce que les gens ressentent. Mais ne peuvent nous résigner dans ces sentiments.
Quelqu’un vient à nous, en nous, par nous, et pour tous les hommes.
Nous n’avons pas plus de « recettes techniques » que d’autres pour résoudre les défis mondains. Notre humanité est de la même glaise.
Mais Quelqu’un nous brûle de dire au monde qu’il veut venir à l’homme !
Quelqu’un habite notre vie et en ranime la flamme.
Quelqu’un, venu de Dieu, et étant Dieu, prend, en toute la fragilité lumineuse de l’enfant de Bethléem, les attentes de notre histoire.
Que chaque jour soit fenêtre ouverte à l’Amour !
Avez-vous un calendrier d’Avent?
Dans vos familles, paroisses, communautés, utilisez-vous ce support?
Que chaque jour soit fenêtre ouverte à l’Amour !
Que chaque jour soit accueil plus grand de l’invitation à prier. A désirer que Dieu vienne.
Que chaque jour dilate notre fraternité par plus de justice et de paix.
Afin que Noël 2021 ait toute fécondité.
Mgr Bernard Podvin
Missionnaire de la Miséricorde.