Coronavirus. Dans le Pas-de-Calais, prêtre et ambulancier, il est en première ligne

Lionel Vandenbriele est un jeune prêtre. Il est aussi ambulancier à Libercourt. Son métier est particulièrement exposé avec la crise sanitaire. Il raconte son quotidien.

Lionel Vandenbriele est prêtre depuis 11 ans et ambulancier depuis 4 ans.
Lionel Vandenbriele est prêtre depuis 11 ans et ambulancier depuis 4 ans. (©AS Hourdeaux/Croix du Nord)
Voir mon actu

Lionel Vandenbriele est ambulancier à temps complet à Libercourt (Pas-de-Calais), un métier particulièrement exposé en ces temps de crise sanitaire. Il est aussi… prêtre ! Il nous a partagé son quotidien, entre inquiétudes et espérance.

À lire aussi

Ordonné prêtre en 2009 pour le diocèse de Lille, il est ambulancier depuis 4 ans.

Trois fois moins d’activité

D’abord un chiffre : sa société de transport ambulancier à Libercourt assurait jusqu’il y a 10 jours 100 assistances par jour. « On est passé en quelques jours à 30 par jour ! » Et c’est une surprise pour les ambulanciers.

Quand on a commencé à parler coronavirus, on pensait qu’on allait être très sollicité, et là, c’est le contraire, les prises en charge ont chuté du fait des déprogrammations d’opérations. On est déboussolé…

Son entreprise a changé son rythme. « Pour l’instant, nous avons adapté nos horaires de travail mais nous ne sommes pas au chômage partiel, mais c’est une alternative possible prochainement ».

« En première ligne à la guerre, mais sans arme »

Ce qui le questionne ainsi que ses collègues, c’est le manque de matériel, masques en premier lieu. « On a des difficultés à avoir des masques, des gants, du gel hydroalcoolique, nous sommes en première ligne de cette ‘guerre’, mais sans armes… »

Parfois, pour toute journée, le binôme dans l’ambulance n’a que deux masques. « Dernièrement, une patiente avait les symptômes, on lui a mis un masque… » Mais impossible de garder un mètre de distance quand on est ambulancier…

À lire aussi

Le gel aussi, c’est compliqué. « On remplit nos petits flacons à l’hôpital ». Les ambulanciers transportent de nombreux malades, ils sont donc en première ligne des suspicions de cas de Covid-19. « Actuellement, environ 50 % de nos patients ont des symptômes de toux, de fièvre, et de difficulté respiratoire. Nous ne savons pas si ce sont des personnes atteintes de coronavirus. »

Vidéos : en ce moment sur Actu

Nous avons déjà demandé à l’hôpital si l’on pouvait nous tenir au courant si certaines personnes que nous amenons étaient testées positives au virus. Mais en fait, soit elles ne sont pas dépistées car il n’y a pas assez de tests, soit on ne tient pas au courant. C’est angoissant…

Lui vit seul, mais ses collègues craignent de transmettre le virus à leur famille, ou entre collègues. Pour l’instant, ce n’est pas le cas.

Ce que retient le prêtre-ouvrier (un des derniers en France !), ce sont les gestes de solidarité : « Une patiente nous a donné dernièrement 20 masques en tissu qu’elle avait fabriqués elle-même. Cela nous a touchés. On les utilise en y ajoutant des compresses pour bien se protéger ».

Prêtre confiné

Ce qu’il retient est que « les ambulanciers sont les grands oubliés de la crise sanitaire ».

Être prêtre dans ces conditions, est-ce possible ? « C’est une ascèse, on va vivre Pâques chacun chez soi. Mon ministère est d’abord auprès du monde du travail. Je ne suis en paroisse habituellement que le week-end, pour rendre quelques services à Lesquin-Ronchin. La semaine, je prie, je célèbre seul, ça, cela ne change pas pour moi. Je porte mon quotidien et mon boulot dans les eucharisties que je célèbre ».

À lire aussi

Sa parole en tant que prêtre dans cette crise sanitaire ? « Il ne faut pas s’angoisser. Il y a des inquiétudes légitimes, sur le travail, la santé, mais on va s’en sortir, j’en suis sûr. Il faut garder confiance, voir les choses positives, avoir une parole d’espérance. »

Mais effectivement, ne plus vivre de messes avec la communauté chrétienne est un manque. « Je vis un peu comme un ermite. Je travaille, je rentre chez moi, je vis seul, je ne sors plus le week-end pour la messe paroissiale. On est coupé de toutes relations sociales ».

Et après ?

Il ajoute : « Mais on prend des nouvelles. De nouvelles relations s’installent, certains prêtres donnent des infos sur le site internet de leur paroisse, il y a des messes Facebook. Et on se retrouvera bientôt, après cette crise, à la messe ! »

Il pense à « l’après ». « Ce qu’on aura vécu en confinement colorera d’une autre manière notre vie après la crise. On a atteint les limites d’un système. Après, quelque chose changera dans la société, dans l’Eglise… »

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.

Dernières actualités

Actu Pas-de-Calais

Voir plus