NOTRE NOMBRILISME EST TENACE !

NOTRE NOMBRILISME EST TENACE !

François d’Assise, fêté le 4 octobre, connut un discernement crucial le concernant.Dieu attendait -il de lui qu’il soit contemplatif ou devienne prédicateur de sa Bonne Nouvelle?Le choix allait déterminer sa vie la plus concrète.La question l’angoissait.Lui Francois, pourtant si bien  inspiré par le Seigneur quand il s’agissait de conseiller autrui, se trouvait démuni le concernant.Il ruminait en vain  les arguments.Il débattait avec ses frères.Une idéalisation de tel ou tel choix parmi ces options montait dans leur raisonnement préférentiel.Sans jamais l’apaiser toutefois.Qu’en  était-il du désir de Dieu?Francois recourra alors au frère priant, au frère humble.Il sollicita également Claire d’Assise, (avec qui il partageait tant de choses) , lui demandant de confier la même  intention de prière à la  sœur la plus discrète et spirituelle.
L’unanimité des deux expériences de prière fut dans cette conclusion : Francois est appelé par le Seigneur à prêcher sur les routes humaines de son temps.Francois reçut « ce retour » comme vocation à vivre.Il se leva sans tarder.Il n’était plus question de tergiverser.Il partit prêcher le cœur allègre.

Ce fait de vie nous est rapporté par Bonaventure qui connut si bien Francois.

Le plus spirituel des hommes ne peut s’éclairer lui-même!Sans autrui et sans Dieu,  nous ne sommes rien.La voix de Dieu prend la voie des humbles.Quel appel à humilité pour notre chemin aujourd’hui.Nous sommes trop peu écoutants de l’autre et de Dieu.Le pape François souligne les risques de « polariser, exaspérer ou exacerber » nos partages.Nous sommes des êtres de chair.Les tensions internationales, sociales sociétales ne laissent évidemment personne indemnes. Elles impactent nécessairement notre vie ecclésiale.Faire Église est aussi vivre la croix.S’il en était autrement, l’Eglise serait un club et non sacrement du Christ.Une déflagration nucléaire peut anéantir l’humanité. Il est terrifiant d’envisager l’inconcevable.Mais d’autres « ogives » ne sont pas moins dévastatrices du respect du frère en Dieu et de Dieu dans le frère. La portée nucléaire de notre haine ou de notre orgueil peut être effrayante. En famille. En amitié. En communauté. Au travail. Dans les engagements divers. Dans les forums présentiels ou numériques.Tant de « scuds » méprisants  émanent de notre suffisance!Combien d’expressions blessées devenant blessantes à leur tour.
La langue a une puissance meurtrière encore plus saisissante que la lance.Est  inouïe notre façon de nombriliser notre vision du monde et de l’Eglise!
Francois d’Assise avait perçu qu’une Église est en attente dans le cœur de son Seigneur.
Nous ne l’incarnerons pas sans le dépouillement  d’une écoute plus authentique de ce que dit  l’Esprit.Des vocations naîtront, une synodalité plus mûre jaillira si le décentrement intérieur prend forme en nous.
Cette dimension manque crûment à notre synodalité.En un certain sens, elle est à peine commencée…
Mgr Bernard PodvinMissionnaire de la Miséricorde