LA BOUTEILLE D’EAU SUFFIRA

LA BOUTEILLE D'EAU SUFFIRA

A proximité de cette gare parisienne, le bitume reste terriblement chaud, même la nuit en pleine canicule. Ce sans domicile fixe est, comme tant d'autres personnes vulnérables, très éprouvé par l'aridité de l'été. L'opinion publique pourrait, en effet, oublier cette réalité et ne songer qu'aux affres de l'hiver. La maraude du Samu social veille et vient à sa rencontre. D'un visage aux traits tirés, il esquisse un sourire : "Ça cogne dur ! Merci. La bouteille d'eau suffira".
Il décline toute autre aide. Il refuse d'autres soins. Mais il tient "religieusement" la bouteille d'eau qui …suffira ! Déjà, il s'enfonce dans la nuit avec le précieux breuvage… Nous sommes tellement une société du futile et de l'encombrement. Les jours de canicule nous font revenir à l'élémentaire, au vital. Le verre d'eau fraîche de l'évangile évoqué par Jésus prend un relief saisissant.
Il devient signe d'humanité. De dignité. D'hospitalité… Il ouvre au dialogue. Il "désaltère" dans tous les sens du terme.
Le verre d'eau du disciple se fait relation primordiale. Il dépasse largement le geste convenu. Il devient communion à une précarité quand deux êtres le boivent d'une soif commune.
La "récompense" dont parle Jésus est là ! Non dans je ne sais quel bon point, mais dans le partage fraternel d'une même aspiration. Rien de plus humble que le verre d'eau pour une société qui se perd en consommation multiple. Mais rien de plus attendu pour un corps altéré et un cœur assoiffé.
Chers internautes, je nous souhaite un été où le verre d'eau redevienne essentiel à nos échanges, nos détentes, nos rencontres, nos ressourcements.
Je nous souhaite cette simplicité et cette grandeur de nous désaltérer ensemble à l'eau vive de Jésus.
Je ne sais ce que seront les "caprices du mercure", mais puisse cette expérience de la soif reconnue, ne pas être reléguée par nous à une émotion passagère. À une vague sentimentalité.
Dans nos familles, nos quartiers, nos communautés, dans nos initiatives et dépaysements estivaux, qui boira à cette amitié du Royaume ?
Nul ne sait ce qu'un verre d'eau humanise et évangélise en l'autre, et en soi.
Quand Jésus eut soif sur son chemin, il fut humble demandeur à une Samaritaine ne mesurant pas encore, en cet instant, de qui elle tenait l'intarissable joie !
"Je le suis, moi qui te parle!" (Jean 4)
Bel été à tous, dans la soif du vrai, du beau, du reposant, du fraternel et du profond.
Bel été, à désensabler ensemble la source dont on n'aura plus jamais soif !

Mgr Bernard Podvin
Missionnaire de la Miséricorde

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