Juste pour quelques rencontres

« N’oubliez pas ! On vit juste pour quelques rencontres. »
La phrase de sagesse est là sur mon cahier.
Épurée de mots inutiles.
Nommant l’essentiel.
L’art de François Cheng !
Il expérimente ce qu’il exprime.
Il n’oserait faire la leçon.
Il invite à regarder en soi.
N’est-il pas exact que la fuite inexorable du temps donne d’autant plus relief aux partages de vie ?
Avez-vous déjà fait l’exercice de chercher qui a marqué votre chemin ?
Il est très formateur de considérer ces rencontres qui nous font être qui nous sommes.
Rencontres mémorables, décisives, créatrices…
Quelques visages, quelques lieux, quelques événements…
On ne se fait pas soi seul.
On se reçoit.
On acquiert la liberté d’oublier ou de garder en mémoire.
François Cheng nous surprend par la sobriété de son dire.
Nous bombons le torse.
« Je vaux davantage !
J’en croise des gens !… ».
Nous nous croyons à tort, universels.
Nous nous croyons centre d’un monde.

La vérité de l’évangile est d’abord d’être aimants envers qui l’on rencontre.
Et non en rêvant atteindre une multitude virtuelle.
Le verre d’eau de l’évangile. (Matthieu 10,42)
Le « qui m’a touché le vêtement ? » posé par Jésus, alors que la foule l’oppresse. (Marc 5, 30)
La proximité dans l’unicité.
L’infini dans chaque visage.
Chaque personnalité, creuset d’un amour.

Parmi toutes les rencontres de votre biographie, il en est une dont je vous souhaite la plus lumineuse réalisation : celle de Jésus !
Puisse beaucoup de médiations humaines vous mener à Jésus et se recevoir par vous de Jésus.

Le diocèse est doté de nombreuses sources : cellules familiales, paroisses, services, mouvements, aumôneries, écoles, communautés, tiers lieux, sanctuaires…
Si des projets pastoraux s’écrivent çà et là, qu’ils aient cette sacramentalité !
L’Eglise est sacrement du salut (Lumen Gentium N°48)

Si de la rédaction « programmatique » est à envisager dans nos instances, qu’elles soient chercheuses de Jésus !

Puisse Jésus être Celui vers lequel se fixe le regard et Celui qui se reflète en chacun.
N’oubliez pas ! L’existence a ses méandres, ses aléas, ses joies, ses épreuves.
On ne vit pas de comptabiliser les choses.
On vit de l’intensité des rencontres qui ne meurent jamais, car le Royaume est en elles.

Nous ne sommes que cendres, nous rappelle le temps du Carême.
Mais cendres « aimées de Dieu » au sens où l’entend le Pape François. (Genèse 2,7)
L’actualité géopolitique, comme certains projets sociétaux, seront mortifères si, à la dissemblance de Dieu, nous « n’insufflons pas la vie ».
Une vie ne vaut rien en apparence.
Mais rien ne vaut une vie sanctuaire de Dieu, et puits de fraternité.

Alors, oui, quelques rencontres seront une vie !

Mgr Bernard Podvin
Missionnaire de la Miséricorde