Je commence à me convertir

Dans un dialogue pastoral, une personne centenaire m’avait confié :
« Je commence à me convertir ».
La phrase avait fait son œuvre en mon cœur.

Me voici, partageant cette pépite dans une homélie lors d’une messe paroissiale, en présence des groupes de catéchèse.
Enfants médusés !
Eux pour qui le quart d’heure de cours semble long.
Eux pour qui le quart d’heure de récréation semble court.
Dans la travée de l’église, une petite fille entreprit de compter sur ses doigts… Elle n’a pas encore achevé sa tâche fastidieuse…

Cent ans… Commencer !
La spiritualité du Carême est à cette mesure sans mesure.
Elle est de commencement en commencement.
Chercheuse de Qui nous désire.
Ne l’ayant trouvé que par le consentement à Le suivre.

« Chaque jour, je commence » avait écrit le dominicain Ambroise-Marie Carré.
C’est la force de la foi d’accueillir le don des cendres afin de communier à la Pâque de Jésus.
Le surgissement de vie nouvelle se reçoit dans ce que nous pensons être extinction. Mais qui est abandon à une naissance.
Le bois de la Croix sera arbre d’Amour. Le croyant ne crâne pas. Quelle prétention tirerait-il de lui seul ?
Le priant est animé du désir de découvrir ce qui se dévoile encore.
Les artères, pourtant encore jeunes à l’état civil, peuvent être sclérosées si elles s’épuisent d’autosuffisance.
En revanche, la « cardiologie d’amour » tient jeune tout frère humain, en esprit de se mouvoir, et en désir de toujours commencer.

« Hé, ne connais-tu pas que tu es au chemin ? » écrit St François de Sales.
Et que le chemin n’est pas fait pour s’asseoir, mais pour marcher. Tellement fait pour marcher que marcher s’appelle cheminer. Dieu parla à un de ses grands amis Abraham et lui dit : « Marche et sois parfait ! ».

Je souhaite à notre février d’accueillir la tombée de la nuit devenue moins précoce. Et de lire, dans cette luminosité plus patiente, la divine attente d’amour.

Les projections de chaque jour peuvent induire la désespérance d’une après-guerre toujours repoussée, ou de désaccords abyssaux, quant aux réformes de société.

La foi est proximité des épreuves et des joies.
Elle refuse l’enfermement définitif de l’humain dans l’impasse de sa violence ou de son désaccord.
La foi est servante de la vérité dans la liberté.
Elle ne désespère jamais de l’amour.
Elle donne vitalité intérieure au commencement.
Elle est humilité de réception des cendres : « Convertis-toi, et crois à l’évangile ».
Guettez chaque jour, chers amis,
ce que Dieu a commencé, et désire tant achever en vous !

Mgr Bernard Podvin
Missionnaire de la Miséricorde