Exclusivité – Grand angle Eglise de Lille

Dans une société déchristianisée et fragilisée par cette pandémie de Covid-19, l’annonce du Christ peut-elle encore trouver un écho favorable ? La tentation d’en douter est grande. Mais si nous y regardons de plus près, nous pouvons aussi voir les germes d’espérance d’une société qui a soif de sens, de justice, de nouveaux rapports à la terre et aux autres. Appuyons-nous sur notre foi, laissons le Christ nous infuser par sa Parole, par ses gestes, et notre coeur s’ouvrira à de nouveaux chemins, de nouvelles rencontres, de nouvelles occasions de partager la présence de Dieu pour toute l’humanité. À la lumière de ce que des chrétiens entreprennent, que ce dossier puisse être une source d’inspiration.

REGARDS CROISES
Le sens de la mission aujourd’hui
Ils sont au service de l’Église et nous dévoilent le sens de la mission dans notre société déchristianisée : Jésus, lumière pour toutes les nations, comment cela peut-il faire sens aujourd’hui ?

Votre mission si vous l’acceptez
Père Bruno Becker
Il y a mille manières d’aborder la mission : spécialistes, créatifs, contemplatifs, théoriciens ou praticiens, aventuriers ou indécis… Il y a tant à dire, à faire, à discuter ou à inventer ! Il est d’ailleurs bon d’expérimenter les richesses de ces multiples postures, et d’en découvrir les joies parfois insoupçonnées. Mais la «mission» est bien plus qu’une activité dans laquelle il s’agirait de me lancer. En un sens, elle est Jésus lui-même : il est à la fois celui qui porte le message et le contenu même de ce message. La mission est «la joie de l’Évangile qui remplit le coeur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus» (pape François, La joie de l’Évangile). Ainsi, la «mission», c’est d’abord ma propre vie, une relation singulière et vivante avec ce Dieu qui nous réconcilie avec lui, avec nous mêmes et avec l’humanité tout entière.
Vase d’argile porteur d’un trésor, je n’ai au fond rien d’autre à offrir que cette relation avec celui dont j’essaie d’être le disciple, celui qui m’a aimé infiniment, et qui aime de même tout homme et toute femme. Ma mission est là plus que dans tout autre discours. En fait, la «mission », c’est le Christ qui l’accomplit : je n’en suis que le témoin, parfois le collaborateur émerveillé ou le disciple maladroit. Le missionnaire est donc sans doute ce disciple qui cherche à laisser son regard se configurer à celui de son Maître. Il peut alors oser affirmer «le Seigneur a fait pour moi des merveilles», et s’émerveiller de ce que d’autres balbutient avec lui !

Entrer en dialogue
Père Bruno Cazin
vicaire général du diocèse
Lumière des nations… nous chantons ce beau titre du Sauveur dans le cantique de Syméon, lors des complies. Christ est gloire d’Israël et lumière des nations, c’est-à-dire des païens. Nous confessons par-là la portée universelle du salut dans le Christ. Notre Église est vraiment catholique si elle rejoint tous les hommes et tout l’homme en chacun. C’est dire que la catholicité est une mission. Ainsi les disciples du Christ sont passionnés de rencontre. Ils aiment entrer en dialogue, accueillir, tisser des liens, découvrir en chacun ce qu’il y a de beau et de juste. Ils peuvent discerner l’Esprit à l’oeuvre chez des groupes humains très éloignés de l’Église. Ils ont mission de révéler, de rendre grâce et de permettre la rencontre de ces personnes avec le Christ. Ainsi l’annonce suppose la rencontre et le dialogue. Ces différentes dimensions se conjuguent. Elles contribuent à diffuser l’Évangile, à faire connaître l’immense amour de Dieu, en particulier pour les petits et les pauvres, ceux dont l’humanité est blessée. «Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement» (Mt10, 8).

Témoigner hors de l’Église
Sophie Ernst
Déléguée aux mouvements et services
Nous vivons aujourd’hui dans un monde où les catholiques sont moins nombreux. Et nous avons un défi : celui d’annoncer la Bonne Nouvelle ! Notre mission est de créer de nouveaux chemins pour s’ouvrir à des personnes qui ne connaissent ni le message de l’Évangile, ni la foi catholique. Cela nécessite que nous sortions de nos réseaux d’Église pour échanger avec nos collègues, nos connaissances rencontrées dans les loisirs, nos voisins… et tant d’autres. Un jour, peut-être, nous témoignerons de notre foi à l’occasion d’une naissance, d’un film, d’une question posée. Et c’est là que nous devenons apôtre. Les mouvements proposent des rencontres ouvertes à tous, les tiers-lieux accueillent des personnes éloignées de la foi, qui se questionnent parfois. Et, pas après pas, au rythme de chacun, un chemin peut être amorcé.

Cheminer avec eux
Stéphane Haar
Délégué à la mission ouvrière
Par Jésus, Dieu nous révèle que pour annoncer la Bonne Nouvelle, il faut aimer et pour aimer, il faut se faire proche. Ainsi, «la communauté évangélisatrice, par ses oeuvres et ses gestes, se met dans la vie quotidienne des autres. (…) Les évangélisateurs ont ainsi “l’odeur des brebis” et celles-ci écoutent leur voix1». En 2021, une minorité de la population a des attentes spirituelles auxquelles nous avons l’habitude de répondre (culte, prières, sacrements…). Mais une forte majorité n‘a pas
soif de spiritualité. Ne les abandonnons pas ! Comme le Christ sur le chemin d’Emmaüs, cheminons avec eux. Par la relecture, l’action, la fraternité, révélons la présence de Dieu dans leurs vies. Une parole de foi qui pousse en pleine terre humaine a tellement plus de saveur.
1. Pape François, exhortation apostolique Evangelii Gaudium, § 24.

Initier des projets
Antoine Janssen
Jésus est nourriture. Il ne cesse de nous dire et nous faire comprendre qu’il suffit de partager le peu que nous avons, un peu d’amour, un peu de biens matériels et un peu de disponibilité et de bienveillance pour vaincre la faim, celle du corps et celle du cœur. Il nous fait également comprendre que nous devons avancer avec confiance auprès de lui. C’est ce message que nous laisse le pain eucharistique à l’autel lors des célébrations. Mais il y a bien d’autres manières pour répondre à cet appel car c’est à nous d’agir pour rejoindre nos frères et sœurs qui ont faim de pain mais aussi ceux qui ont besoin de donner sens à leur vie. Ce message, j’essaie de le faire vivre auprès des jeunes. L’évêque, par mon diaconat, m’a demandé d’être au cœur de cette nation forte et en devenir. La jeunesse est attirée par Jésus, alors que l’Église est beaucoup plus abstraite pour eux. C’est par des projets différents comme le festival «Treille en fête», projet original alliant une initiative d’entraide et un réel tremplin pour encourager les jeunes générations à prendre leur place dans l’Église, que j’essaie d’apporter des outils leur permettant de répondre à leur
aspiration : solidarité et espérance d’un monde meilleur.

 

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