BENOÎT LE THÉOPHANE !

« La foi est rencontre ! Non avec des idées ou des projets. Mais avec quelqu’un !
Il désire nous transformer de l’intérieur et nous révéler notre identité de fils de Dieu. »
Il me semble que tout Benoit XVI est dans ces phrases lumineuses : clarté de l’expression révélatrice d’une intelligence vive ; intériorité du message; humilité devant autrui et devant Dieu.

Ainsi était ce grand serviteur !
Il est des personnalités captatrices de la lumière pour elles-mêmes. Elles impressionnent sur le champ,  mais leur incandescence est éphémère.
Il en est d’autres porteuses de la lampe d’évangile, comme elles le peuvent, sur les  routes accidentées du monde. Leur sagesse ne s’éteint pas au-delà de leur mort. Leur existence était christophore ! Tel était Benoit XVI. Peu lui importait d’être en vue. Il lui tenait à cœur de montrer Jésus.
Les hommages rendus, tant au civil qu’au religieux, convergent sur cette concentration, en quelqu’un d’extrêmement bon, d’une luminosité pour le chemin.
Son père gendarme prépara le jeune Joseph dès son enfance à être libre intérieurement face à toute séduction et compromission nazie. Se forgea en lui, dès 1933, la psychologie spirituelle de la liberté dans la vérité.
Sa frêle silhouette d’étudiant et de pasteur fut inlassablement au service de la foi.
Ses actes d’exégèse et de théologie étaient livrés à plus grand que lui.
En disciple d’Augustin, Ratzinger savait que Dieu est sans cesse à chercher dès lors qu’on l’a trouvé. Et ne se trouve qu’en se laissant chercher par Lui.

A l’évidence, Ratzinger n’ambitionnait pas d’être Benoit. Il consentit courageusement en 2005 à la charge apostolique d’affermir ses frères. On le vit alors devenir Benoit.
En Benoit, il y eut alors Ratzinger déployé à la mesure qui ne se mesure.
Les jeunes réunis à Cologne et Madrid eurent en lui un guide spirituel si profond.
Sa francophilie nous fit apprécier en 2008 son remarquable discours aux Bernardins et son pèlerinage à Lourdes.
La foule était au rendez-vous au grand dam des sceptiques détracteurs.
Benoit alla jusqu’au bout du bout de lui-même.
« Il y a ce que nous sommes. Il y a qui nous sommes. Il y a quel nous sommes ».  Cette trilogie de St Bernard, Benoit XVI l’a éprouvée dans sa chair. Il eut la lucidité de comprendre et de décider. « Ce que nous sommes » se traduisit  dans sa  finitude humaine fragilisée.  «Qui nous sommes » dans sa charge effective de Saint Pierre. « Quel nous sommes » dans sa manière de la vivre. On assista alors, en 2013,  à la grandeur du retrait historique. Comme vient de dire quelqu’un « alors que tant s’accrochent à leur pouvoir, il sut si humblement se retirer ».

Jusqu’à cette Saint Sylvestre 2022…
L’effervescence aimantait les gens dans les préparatifs du Réveillon. Toute l’attention était festive et mondaine. Benoit s’effaça discrètement, cette fois encore. Cette fois ultime ! Il passa vers l’autre rive. La grande rive de l’amitié de Dieu.

Ratzinger servait Jean-Paul II.
Benoit priait pour François depuis son ermitage.
Jean-Paul II n’eut rien décidé d’important sans son discernement.
François savait qu’une sentinelle priait à proximité de lui pour que sa foi ne défaille pas.

Voilà, en de si pauvres mots, pourquoi Benoit nous manque déjà tant. Mais comment Benoit décuplera depuis le Ciel la grâce que nous recevrons de lui.

Spe salvi ! fut le titre d’une de ses encycliques. Nous sommes « sauvés dans l’espérance ». Voilà le message de vœux pour 2023. À ce monde en convulsion, il y a l’annonce qu’il est sauvé dans l’espérance.
Diocésains de Lille, que nos vœux se laissent toucher à cette dimension.
Pour vos familles, vos communautés.
Pour l’adversité et les joies attendues.
Pour le Pasteur qui nous sera donné.
Dans le réel de nos vies, que grandisse en l’an nouveau cette fraternité christophore !

Mgr Bernard Podvin
Missionnaire de la Miséricorde