UNE VACANCE DE VEILLEURS…

« Lorsque j’ai été consacré évêque, Dieu m’a ôté à moi-même pour me prendre à Lui, et me donner au peuple ». Ainsi s’exprime Saint François de Sales. Oh, pas sur le champ de son ordination !  Dix ans après. Comme fruit intuitif et remarquable de ses visites pastorales en tous lieux et recoins de son diocèse savoyard. Et comme relecture priante pétrie d’amour pastoral, de son expérience humble et courageuse.
François parlera de l’Eglise à la fois comme d’une « barque fracassée »
et comme d’un « jardin diapré » de fleurs diverses, et toutes nécessaires à ses yeux. Ce Saint Docteur et Pasteur voyait,  par ces deux citations si actuelles, l’Eglise du Christ, à la fois dans la pâque des épreuves et dans la diversité de ses vocations.
« Que chacun soit ce que Dieu veut, et aime sa vocation ».
C’est bien là à la fois la fatigue et la joie inaltérable de l’apôtre.
Quatre siècles après, tout a changé du contexte historique.
Rien, cependant,  n’est « désuet  » des convictions spirituelles de François !
Le diocèse de Lille vit l’inédit, dans son histoire postconciliaire,  de la vacance du siège épiscopal sans présence du Père Évêque y achevant son ministère. Ce n’est pas un inédit pour de nombreux autres diocèses.
Pour Lille, ce temps à vivre est un appel du Seigneur.
Pour notre Église particulière, trois pistes spirituelles me semblent à cultiver pour une « vacance » humble et féconde.

1) D’abord, la grande action de grâce pour les quatorze années partagées avec Mgr Ulrich. Relire ces pages humaines et pastorales de joies et d’épreuves portées ensemble avec notre pasteur dans la prière, le discernement et l’action. Le 12 juin, à Roubaix, sera « eucharistique » au sens plein du terme. Avec les nombreux visages du rassemblement familial. Être tous en chœur avec Jésus sera à la fois le merci d’un itinéraire parcouru, et l’espérance du salut déjà advenu et porteur d’avenir.

2) Mesurer davantage, durant ce temps de vacance, que l’Eglise se reçoit d’une altérité. Nous ne sommes pas l’autoproduction de nous-mêmes. En ce sens, les signes sont forts d’un consentement chaste à veiller activement dans la prière ; à demander à Dieu un surcroît de fidélité dans ce qu’est l’aujourd’hui. L’aujourd’hui, en sa rugosité et sa saveur.

3) Pour cela, soigner entre membres la précieuse et exigeante communion qui en découle !  En l’occurrence, une image me vient. Inspirée par cet ingénieur ayant récemment mis au point une ancre. Un prototype qui n’altère pas les fonds marins. « Mon ancre se met à la verticale, explique ce concepteur, pour faire ressortir les pointes à l’inverse de leur pénétration dans le sol. Ainsi, le levier ne détruit pas la faune. En effet, je suis triste de voir les fonds marins si peu respectés ».  L’image parle !

Temps de vacance ? Temps de verticalité et d’ancrage dans la Parole. Temps de communion entre frères. Sans altérer le trésor qui est confié à l’argile de chacune de nos personnes.

Que Marie, en ce mois de mai, nous aide à ce recueillement ancré et fraternel.

A Mgr Ulrich, gratitude et prière !  Lille et Paris, Églises en communion…

Mgr Bernard Podvin
Missionnaire de la Miséricorde